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Chiens : peuvent-ils sentir le temps qui passe ?

Chiens : peuvent-ils sentir le temps qui passe ?

Publié le 22/10/16 sur le site sciencesetavenir.

Les chiens possèdent un odorat très aiguisé. Une étude affirme que ce sens développé permettrait à ces animaux de (res)sentir l’écoulement du temps et ainsi d’anticiper certains événements.

Comment se fait-il que votre chien s’agite toujours au même moment à l’heure où vous le nourrissez habituellement ou qu’il vous attende à la porte quand vous rentrez du travail ? Les chiens peuvent-ils lire l’heure ? Probablement que non, mais le professeur Alexandra Horowitz du Laboratoire de Cognition canine du Collège Barnard de New York a suggéré dans son livre « Being a dog : following the dog into a world of smell » sorti en 2016 que les chiens « sentiraient » le temps à l’aide de leur museau. Elle y explique alors que l’homme utiliserait principalement sa vue pour appréhender le monde tandis que le chien se servirait surtout de son odorat.

Le temps laisse des traces

Selon le Pr Horowitz, quand l’homme se construit une représentation du monde qui l’entoure en le regardant, le chien, lui, le sent. Toute odeur a une histoire, et les changements de parfums pourraient aider les chiens à capter les traces du temps. L’homme, par exemple, peut deviner une période de la journée grâce aux odeurs : la senteur du café chaud, notamment, évoque la matinée. Et c’est exactement ce que feraient les chiens, mais de manière beaucoup plus développée. « Comme chaque jour porte une nouvelle senteur, les heures marquent un changement d’odeurs que le chien peut remarquer « , explique le Pr Horowitz. Les odeurs d’une pièce changent au fur et à mesure que le jour passe, à travers les courants d’air ; ainsi, si on peut visualiser les mouvements de l’air, on peut visualiser les mouvements des différents parfums. Une odeur à faible concentration correspond à une action passée : ce qu’on a fait ou mangé par exemple. Si un chien est capable de détecter une diminution de l’odeur de son maître pendant qu’il quitte la maison, alors il pourrait probablement être capable de prédire approximativement quand il va revenir.

Les chiens peuvent-ils sentir le temps ? – Dans l’esprit animal : Épisode 1 – Crédit : BBC Two

Dans la vidéo ci-dessus, deux propriétaires d’un chien ont tenté une expérience. Ils voulaient déterminer si le fait que leur chien soit réglé comme une horloge (et repère l’heure du retour des maîtres du travail) était bien dû à leur odeur. Ordinairement, le chien attend toujours à la porte à 16h pile pour l’arrivée de sa maîtresse, puis monte sur le canapé entre 16h38 et 16h45 comme s’il savait que son deuxième maître allait arriver. Un jour, ils ont enlevé leurs vêtements imprégnés de leur odeur et les ont placés dans le salon, puis ont changé d’habits dans la journée. Le chien n’a pas réussi à prédire leur retour…

Cependant, d’autres facteurs peuvent entrer en jeu. Les changements de luminosité, par exemple, sont de bons indicateurs pour déterminer approximativement un moment de la journée. Tout comme nous, les chiens suivent un rythme circadien (basé sur 24h) ; la faim ressentie intervient souvent aux mêmes moments de la journée. Pour finir, les chiens pourraient peut-être posséder une mémoire épisodique, c’est-à-dire qu’ils pourraient se rappeler des événements et ainsi effectuer des « voyages mentaux » pour se souvenir des attitudes de leurs propriétaires à des moments donnés et agir en conséquence.

Le passage du temps aurait donc une odeur mais notre nez ne serait pas assez complexe pour la sentir. Les chiens, eux, possèdent une « olfaction stéréo » : chaque narine marche indépendamment de l’autre, tout comme le font nos yeux. Ainsi, les odeurs délivrent des informations sur le passé d’un objet et son présent, mais également sur ce qu’il est, où il est et d’où il vient. Lorsque nous voyons et entendons à un point précis dans le temps, le chien sent l’histoire dans son entièreté, du début à la fin. On peut donc penser que les odeurs pourraient sans doute porter des informations sur l’avenir (qui va arriver et quand).

Un nez de compétition

L’odorat puissant des chiens aide souvent l’homme : détection d’explosifs, de drogues, de victimes lors d’une catastrophe etc. Ils peuvent sentir jusqu’à un millionième de gramme de TNT. Leur forte sensibilité aux odeurs (de 1.000 à 10.000.000 de fois plus élevée que celle des hommes) s’explique par la présence de 300 millions de récepteurs olfactifs qui tapissent leurs narines, contre 6 millions dans les nôtres. Inspirer de l’air a deux fonctions chez les chiens : la respiration et l’olfaction. Contrairement à nous, l’air est donc divisé en deux parties. Celle dédiée à l’olfaction se dirige directement sur ce tissu recouvert de récepteurs, permettant alors de capter un maximum d’odeurs. Quand nous inspirons et expirons par le même conduit, les chiens, eux, expirent par des fentes situées à côté du museau, créant ainsi des tourbillons d’air qui contribuent à attirer de nouvelles odeurs dans les narines.

La respiration du chien : la région olfactive (en vert) et la région respiratoire (en rose)
Crédit : Courtesy of Brent Craven

Le chien possède également un autre organe olfactif : l’organe vomeronasal, ou organe de Jacobson, qui est présent chez tous les mammifères mais qui a quasiment disparu chez l’humain. Situé au-dessus du voile du palais, cet organe sert à capter les phéromones et a donc une utilité lors du choix de partenaire sexuel par exemple. Selon le Pr Horowitz, cela permettrait également aux chiens de ressentir nos émotions (tristesse, joie, stress, colère …) ou bien encore de détecter des maladies ou une grossesse.

La partie du cerveau destinée à l’olfaction est plus développée que chez l’homme : il peut, grâce à cela, se souvenir de millions d’odeurs différentes et ainsi, en tirer tout autant d’informations.

Comment éviter l’erreur de casting ?

L’erreur de casting, c’est le simple fait de choi…

L’erreur de casting, c’est le simple fait de choisir un chien parce qu’il nous plait, qu’il est beau, que l’on est persuadé que c’est le chien idéal pour nous… alors que l’on se trompe et que ça va très mal se passer. Le soucis c’est qu’il faut avoir conscience de son propre environnement que l’on va proposer au chien et avoir conscience de l’environnement idéal de ce même chien pour pouvoir faire le différentiel.

C’est souvent là, que ça devient douloureux… Beaucoup de personnes ont des chiens et on a l’habitude de les voir se contenter de « peu », quelques sorties pipi, un coin de jardin et c’est bon, semble-t-il. Pourtant quand on se renseigne, on peut vite voir que non, ce n’est vraiment pas un bon programme et les suggestions de durée de promenades ou de programmes sportifs peuvent paraître abusives. En réalité, si vous voulez un chien épanoui, qui ne va pas hurler ou tout détruire, il vaut mieux être raisonnable sur un certain nombre de critères.

Généralement, l’erreur de casting arrive avec des chiens très turbulents. Certains ont l’air de croire qu’un chien est sportif uniquement si on le lui permet et qui sinon, chaque chien peut se contenter d’une petite heure d’activité quotidienne. C’est faux, certains chiens, de part leur sélection, ont des besoins d’activités beaucoup plus importants que cela.

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Ce sont quelques races, bien que j’aurais pu en citer d’autres, qui demandent, je crois, une réflexion accrue avant adoption. Il existe plus de 300 races reconnues par la Fédération Cynologique Internationale, des races très différentes les unes des autres, aux besoins variables… Autant dire qu’il y a de quoi trouver le chien de ses rêves pour qui on pourrait, peut-être, être un propriétaire de rêve. Les refuges et les associations de protection animale débordent également de chiens en tout genre qui sont autant de possibilité de trouver « chaussure à son pied ». Alors prenez le temps de réfléchir et essayez de vous éviter cette erreur de casting qui pourrait vous faire souffrir et faire souffrir un animal.

Bonne recherche à tous les futurs adoptants et merci de m’avoir lu !

© Céline –  site Hund

Des préjugés contre des préjugés

Je tenais à vous annoncer que les petits chiens s…

Je tenais à vous annoncer que les petits chiens sont peureux, fourbes, jaloux et surtout hargneux, mais ce n’est pas très grave puisque le Labrador est, en réalité, une vraie teigne, bien pire que le Amstaff qui est lui-même possède un gène de l’agressivité qui explique peut-être son naturel dominant et donc son agressivité envers les autres. Voilà, vous êtes heureux d’avoir lu ce ramassis immonde de préjugés, n’est-ce pas ?

Il existe des procédés qui ont tendance à me mettre un peu hors de moi. Avoir des préjugés envers une race, de base, ça ne devrait pas être normal, mais je peux comprendre que les expériences personnelles et le discours ambiant peut créer des craintes et de la haine.

Par contre, lorsque l’on veut défendre une race contre certains préjugés, il y a un certain nombre de comportements que je ne saisis pas. Par exemple, mettre un jeune enfant sur le dos d’un des chiens de cette race pour montrer qu’ils sont tout de même bien patient ou prendre des photos pendant qu’un bébé joue avec les babines du chien. Peu importe la patience du chien, sa race, sa socialisation, etc, etc, etc, ce sont des comportements dangereux (en plus d’être irrespectueux pour le chien) qui ne devraient pas être affichés et répandus car c’est ainsi que les accidents arrivent. Si tout le monde respectait les consignes de prévention morsure et en profiter pour observer le comportement canin, on éviterait énormément d’accidents. Il existe des tas de situation sécurisée où enfants et chiens sont ensembles, il n’y a pas besoin de montrer davantage, sinon tout ce qui transparaît de ces images, c’est une certaine inconscience.

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N’oubliez pas que chaque préjugé peut être mal vécu par les propriétaires de la race concernée qui sont souvent directement visés. Est-ce que cette « guerre » des races est intéressante ? S’il-vous-plait. Choisissez la paix et réfléchissez vraiment avant de dire quelque chose sur un type de chien…

© Céline –  site Hund

Le monstre visqueux invisible dans l’eau de votre chien

Le monstre visqueux invisible dans l’eau de votre chien

Traduction de Nelly Coadic d’un article de RODNEY HABIB sur DOGS NATURALLY MAGAZINE

N’avez vous jamais passer votre doigt le long de la paroi intérieure du bol d’eau de votre animal de compagnie et vous senti une substance un peu visqueuse ? Bien qu’invisible cette substance se nomme bio-film.

Le bio-film est une collection de matériaux organiques et inorganiques, vivants et morts, qui s’accumulent sur une surface. Il est constituée de plusieurs types de bactéries liées ensemble en une substance épaisse qui agit comme une colle qui retient les bactéries et ainsi adhère à une surface.

Le bio-film peut souvent se composer de bonnes bactéries, mais il y a aussi les mauvaises !

Les bio-films fournissent un refuge pour les organismes comme la Listeria, le E. coli et les légionelles, où ils peuvent se reproduire à des niveaux où la contamination des produits qui entrent en contact avec devient inévitable. De mauvais bio-films ont été impliqués dans une grande variété d’infections microbiennes du corps telles que les infections des voies urinaires, les infections de l’oreille moyenne et des infections de la vessie.

Beaucoup de parents de compagnie sont coupables de remplir simplement le bol d’eau plusieurs fois de sans le laver entre deux et cela devient un l’environnement parfait pour que le bio-film fasse trempette.

Comment réduire bio-film :

  • N’oubliez pas de nettoyer le bol d’eau de votre animal au moins une fois par semaine et si vous pouvez changer l’eau tous les jours.
  • Pour les garderies animaux où une foule de bactéries différentes flottent dans des bols d’eau, lavez les tous les jours !
  • Pour de meilleurs résultats , passez vos bols d’eau par un cycle chaud dans le lave-vaisselle avec un savon écologique , non toxique pour vraiment nettoyer le bio-film !

[boire dans la même gamelle pendant 15 jours reviendrait pour vous à boire dans le même verre pendant 15 jours… ça ne vous fait pas envie hein ? Alors pensez à votre poilu 😉
Cela vaut également pour les gamelles des repas… Un nettoyage régulier est important !]

(PS : Je vais me faire critiquer sur le concept de « laver une fois par semaine au moins » Cependant, après une superbe discussion avec un vétérinaire / scientifique pro- actif bien connu, quand elle a étudié les bactéries qui flottent dans les bols d’eau des animaux familiers, il déclare que si vous avez un animal en bonne santé, le bio-film peut effectivement être pleine de bonnes bactéries saines. C’est comme jouer dans la boue pour des enfants et avoir plein de bonnes bactéries sur vous ! Alors parfois nettoyer trop régulièrement peut laver toutes ces bonnes choses de là.)

Article en anglais : http://www.dogsnaturallymagazine.com/slime-in-dog-water-bowl/

Tabagisme passif : les chiens aussi en sont victimes

Tabagisme passif : les chiens aussi en sont victimes

En vivant avec des fumeurs, les chiens sont des fumeurs passifs. Crédits : DR.

Il est prouvé que les fumeurs ne sont pas les seuls à subir les conséquences de leur addiction : avec la fumée de leurs cigarettes, leur entourage souffre de tabagisme passif. Et les animaux aussi…

« Fumer nuit gravement à votre santé et à celle de votre entourage. » Voilà l’un des messages que l’on peut lire sur les paquets de cigarettes. Et par entourage, il faut entendre tout être vivant se trouvant à proximité d’un fumeur lorsqu’il allume sa cigarette… En respirant, un chat ou un chien inhale lui aussi la fumée de cigarettes. Et cela va même plus loin : ils avalent également les toxiques qu’elles contiennent. Comment ? C’est simple : ces toxiques se déposent partout : rideaux, tapis… Et même sur le pelage des animaux. En se léchant, ils les ingèrent.

Avec une exposition répétée à la fumée de cigarettes, la gorge, la trachée et les bronches des animaux peuvent être touchées. Toux, bronchite ou même pneumonie… Sans oublier que, comme pour les humains, le tabagisme passif augmente le risque de développer certains cancers : museau, gorge, poumons, etc.

Cancer des voies nasales

Des études ont démontré que les chiens à museau long, comme les chiens de berger ou les colleys, ont deux fois plus de risque de développer un cancer des voies nasales si leur maître est fumeur. De leur côté, les races à face plate (dites brachycéphales) vivant avec des fumeurs sont  plus sujettes aux cancers des poumons.

Dermatite atomique

Mais les cancers ne sont pas les seules conséquences du tabagisme passif chez les chiens. Selon une étude de l’école nationale vétérinaire de Maisons-Alfort publiée dans la revue Food and Chemical Toxicology, la fumée de tabac aurait également une influence sur le développement de la dermatite atopique (1) chez le chien.

Et la fumée des cigarettes électroniques ? Si elle est, a priori, moins nocive que celle des cigarettes traditionnelles, cela ne veut pas dire qu’elle est inoffensive. Mais les « vapoteurs » devront se méfier d’une autre chose : que leur toutou n’aille pas mâchouiller leur recharge. Avec des arômes alléchants comme mangue ou fraise, les animaux peuvent vite penser qu’il s’agit d’une friandise. Attention à l’intoxication !

(1) Chez le chien, la dermatite atopique est une maladie de peau, liée à une prédisposition à développer des allergies.

© Canard du Chien – Emilie Longin

Le border collie cet athlète incompris

Le Border Collie cet athlète incompris

Article de Fanny Walther, issu du site regexcel.

Le border collie ce génie de chien

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Vif , intelligent , sportif ,obéissant, très interactif , très attaché à son maître… Toutes ces qualités expliquent que des personnes d’attentes très différentes puissent être intéressées par ce type de chien.

Cependant, il s’avère que les refuges accueillent un nombre croissant de Border Collie. Cet article va tenter d’expliquer les raisons de cette évolution en vous informant le plus objectivement possible sur ce chien si particulier afin d’éviter les abandons et / ou les troubles du comportement…

En tant qu’éducateur canin, je reçois régulièrement des propriétaires de border en détresse  qui ont développé des tocs, des comportements agressifs pour palier un quotidien hypo ou hyper stimulant.

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Think border , live border = Pense border , vit border…

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Le Border Collie est LE chien de troupeau par excellence. En effet c’est la seule race sur les 342 référencées, pour qui la confirmation (LOF) passe uniquement par une épreuve de travail.

Il montre très jeune un comportement caractéristique de prédation sur les jouets, les congénères, les autres animaux, les voitures, les vélos, les joggers…. Tout type « d’objets » en mouvement dans le seul but de les contrôler. Si le chien ne fait pas preuve de cet atavisme, ce n’est pas un border collie. Il est vrai qu’il existe une lignée beauté dépourvue d’instinct, mais elle ne peut pas véritablement être rattachée au Border Collie (C’est comme le canadry dry : ça ressemble à l’alcool , c’est doré comme l’alcool … mais ce n’est pas de l’alcool).

Il n’est possible de satisfaire aux instincts d’un véritable Border Collie que par le troupeau, pour la simple raison qu’il a été sélectionné depuis plus de cent ans pour cette utilisation.

Je vous vois déjà venir : « c’est faux, un border peut très bien être heureux sans troupeau avec une dépense mentale et physique quotidienne suffisante ». Pour répondre à cela j’emprunterai une citation de Jean Piacentino :

 « S’il n’est pas exact de prétendre que le besoin de travail du Border ne peut être satisfait qu’au troupeau, en revanche il est indéniable que pour un chien qui dispose d’aptitudes génétiques en la matière, seul le troupeau permet le plein épanouissement…. On peut « soûler » un Border de promenades, de courses, de sauts, etc. : selon le cas et la manière dont cela est fait, on le détend, on le fatigue ou on le stresse, mais c’est véritablement par le troupeau qu’il trouve la plénitude de son équilibre ». 

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Le border, cet hyper-actif !

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Souvent j’entends des remarques de ce genre « Un border collie ? Tu dois passer ta vie à le défouler ! » Euh… non, pas vraiment. Mes chiens font partie de mon quotidien, je leur demande donc avant tout de s’adapter à mes activités. Selon mon emploi du temps ils peuvent tout aussi bien être en concours troupeau, en démonstration, en chenil, en cage dans la voiture, que sur le canapé les quatre fers en l’air.

En fait c’est un faux hyperactif (pour rappel l’hyperactivité est une maladie). C’est la sur-stimulation qui le rend très demandeur ! Plus vous sollicitez vos chiens, pensant les fatiguer ou les occuper, plus ils auront besoin d’être sollicités, c’est un cercle vicieux.

ATTENTION il n’est cependant PAS un chien de compagnie pour autant. Bien sûr cela ne signifie en aucun cas qu’il n’est pas en capacité de s’adapter à la vie en maison, aux enfants… Cela implique simplement que l’on ne peut pas le cantonner à ce rôle. S’il ne peut pas exercer ses talents en troupeau, il va trouver un exutoire, c’est inscrit en lui vous n’y pouvez rien… Et lui non plus. Combattre cela serait une hérésie.

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Pourquoi cet engouement ? « Brain before beauty »

[Les lignées travail]

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Pourquoi ce chien est-il devenu le chien de sport par excellence ?

Force est de constater que, en plus de sa polyvalence, c’est un chien de travail qui a un réel « will to please » (envie de plaire , travailler) donc très facile à entraîner.

A l’instar du Border Collie on retrouve ces traits de caractère dans de nombreuses races qui comprennent également des lignées travail comme les goldens, les labradors, les bergers allemands, les cockers, les bergers australiens… Ces lignées se distinguent des lignées beautés par un physique et mental adapté à leur utilisation.

Leur confirmation n’étant basée que sur des critères morphologiques, la plupart des chiens issus de lignée de travail sont ajournés donc méconnus du grand public.

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Les leçons à en tirer

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De plus en plus de personnes sont attirées par des chiens de sports. Ne trouvant pas ce qu’elles recherchent chez la plupart des races sélectionnées sur des critères esthétiques, elles se retournent vers le Border Collie.

Malheureusement, même si ce dernier excelle dans la plupart des disciplines sportives, s’il ne peut exercer ce pour quoi il a été sélectionné initialement, le troupeau, il a tendance à développer des troubles comportementaux .

Ils sont sans conséquence aux yeux de la plupart des propriétaires puisque acceptés comme la norme. Pour eux un Border Collie est naturellement un chien, surexcité, craintif, obsessionnel, toujours demandeur… Il faut bien être conscient qu’en fait le chien développe une stratégie pour tromper son manque et que cela traduit un réel mal être.

Il pourrait être intéressant de transposer le mode de sélection et de confirmation du border à d’autres races en tenant compte des aptitudes propres à chaque chien ou de créer une race apparentée au border sans l’instinct au troupeau. Ceci permettrait de contenter un plus grand nombre de personnes : celles désirant uniquement des chiens de compagnie, celles voulant travailler au troupeau, celles voulant pratiquer des sports canins , celles voulant chasser….

Caninement votre,

 © Fanny Walther

Hypertype : quand le mieux est l’ennemi du bien

Hypertype : quand le mieux est l’ennemi du bien

Article issu du site depecheveterinaire, rédigé par Maud LAFON.
Attendrissante, la tête de chiot du cavalier king Charles est aussi à l'origine de cas fréquents de syringomyélie, due à la réduction de la taille de la boîte crânienne.Attendrissante, la tête de chiot du Cavalier King Charles est aussi à l’origine de cas fréquents de syringomyélie, due à la réduction de la taille de la boîte crânienne. Vlassenko Oksala-Fotolia.com

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Sélection

Documentaires alarmistes, articles de presse accusateurs : l’hypertype qui se développe chez le chien et le chat de race ne laisse plus indifférent. Dérive d’une sélection orientée vers un esthétisme discutable, il est aussi le fait d’une valorisation du sensationnel par les clubs de race. Face aux lourdes conséquences médicales, la résistance s’est organisée.

Jusqu’à 30 % de cavaliers king Charles atteints de syringomyélie, 5 à 10 % de Rhodesian ridgeback concernés par le sinus dermoïde, quasiment 100 % de césarienne chez le bulldog anglais… En dénominateur commun de toutes ces statistiques une sélection extrême qui favorise l’hypertype. Bien que simple, le mot est lourd de conséquences.

Défini comme « toute exagération morphologique qui met l’animal dans l’inconfort ou la souffrance« , l’hypertype s’est développé ces dernières années, fruit de la dérive d’une sélection qui, de basée sur l’utilité, a dévié vers l’esthétique dès le milieu du 19e siècle. Il est d’ailleurs assez révélateur de constater que les lignées de travail ne sont quasiment jamais concernées par le problème.

La connotation santé est bien réelle avec des conséquences médicales parfois lourdes d’un phénomène qui a pour point de départ une « amélioration » esthétique qui confine parfois au grotesque.

Exemples nombreux

Terre-neuve « nanifiés », chez lesquels apparaissent des dysplasies de la hanche ; yeux volumineux et proéminents prédisposants (carlin, pékinois…) au développement d’ulcères et de luxations ; démarche « en échasse » du chow-chow liée à ses membres postérieurs trop droits ; problèmes dorsaux des chiens aux dos trop longs comme le teckel ou le basset hound ; brachycéphalie extrême et son cortège d’affections respiratoires ; abondance de plis, source de diverses affections cutanées chez le shar peï ; dysplasie du berger allemand dont on a abaissé à l’extrême l’arrière-train… Les exemples sont nombreux.

Les chiens concernés ne ressemblent plus du tout au standard d’origine des races !

On peut s’interroger quand on sait que le champion toutes catégories de la Cruft 2003 est un pékinois, opéré du voile du palais, qui a dû être placé sur des glaçons pour pouvoir respirer et recevoir son prix !

Consanguinité rapprochée

D’ailleurs, le documentaire télévisé qui le dénonce (Chiens de race, maîtres fous) a fait couler beaucoup d’encre et a agi comme le révélateur d’un phénomène pourtant bien ancré dans le monde du chien de race et inhérent aux modalités de sélection qui, pour atteindre l’extrême, n’hésitent pas à recourir à la consanguinité rapprochée (close-breeding). Avec à la clé d’autres problèmes de santé (luxation patellaire, ostéochondrose, allergies, etc.), sans parler de l’appauvrissement génétique qu’il occasionne.

Ainsi, pour notre confrère Gilbert Schaffner, cynophile averti et juge qualifié, l’hypertype est indissociable de l’excès de consanguinité.

Il souligne l’implication des instances officielles pour lutter contre ce phénomène, la Fédération cynologique internationale ayant communiqué des directives (instructions spécifiques de race) pour sanctionner les dérives morphologiques en exposition. Elle forme également les juges aux conséquences néfastes sur la santé et l’équilibre des sujets hypertypés.

Certains standards de race ont d’ailleurs été revus dans cette finalité. Ainsi la tête du bulldog anglais est passée de « massive » à « forte ». Chez le basset hound, la peau doit être « souple et élastique sans exagération ».

Action des clubs de race

Certains pays ont pris de l’avance dans ce combat à l’instar de la Société canine de Suède (SKK) qui a retenu 70 races présentant un risque d’hypertype et exerce à leur égard une vigilance renforcée. La Suède est également un des rares pays à avoir interdit les saillies consanguines rapprochées (père-fille, frère-sœur).

Le Kennel Club britannique a de son côté décidé de revoir le standard d’une centaine de races, y compris celles dont il n’est pas le pays détenteur, tout en sachant que ces modifications ne seront prises en compte que dans les expositions anglaises.

En France, la Société centrale canine et certains clubs de race ont pris la mesure du problème et réagissent, à l’instar du club du bulldog anglais, très actif sur la question. Ainsi aux queues « croquées » provoquant des dermatites infectieuses et des gênes à la défécation, le standard préfère désormais les fouets normaux.

Pour notre confrère le Pr Bernard Denis, président de la Société d’ethnozootechnie, l’hypertype n’est pas dans le standard des races et devrait être sanctionné au même titre que le manque de type.

Chats, chevaux et animaux de rente

Si le phénomène est patent chez certaines races de chiens, il n’épargne pas pour autant les chats, touchés eux aussi par des phénomènes comme la brachycéphalie, les chevaux, avec les têtes hyperconcaves des pur sang arabes de show, ou les animaux de rente, chez qui la sélection vers une hyperproduction de viande ou de lait conduit à des dérives morphologiques en hyper (animaux culards* notamment).

Chez les chats, le Loof** a donné l’alerte dès 2004 : persan ultratypé victime de difficultés respiratoires, d’obstruction des canaux lacrymaux, prédisposés aux dystocies…, Scottish fold, sujet de malformations lorsqu’il est homozygote, mais aussi Maine Coon trop lourds et touchés par l’arthrose…

Pour les zootechniciens, il est donc urgent de revoir les modalités de la sélection. Le cas échéant, certaines races pourraient bien être menacées de disparition.

Opérer une sélection raisonnable et compatible avec le bien-être de l’animal est aujourd’hui en passe de devenir un objectif d’élevage prioritaire. Sans pour autant aller vers une uniformisation des races, cette sélection plus éthique semble même indispensable à leur survie, d’autant que le contexte législatif actuel, centré sur le bien-être animal, pourrait bien être à l’origine un jour d’une interdiction de certaines races si leur type extrême est accusé de nuire à leur confort de vie.

Retour du bâtard

Au-delà de l’hypertype c’est donc peut être toute la philosophie de l’animal de race qu’il faudrait revoir en s’affranchissant des phénomènes de mode, qui mettent en avant les minis chiens, la néoténie avec les chiens adultes à tête de chiots, etc.

Face à de telles menaces, et quand on sait qu’une assurance santé animale est par exemple deux fois moins chère pour un chien croisé que pour un bulldog, le bon vieux bâtard n’a pas dit son dernier mot… Et si c’était finalement lui le dernier chien branché ?

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* L’adjectif culard désigne un caractère présent chez certaines races domestiques : un taureau culard ou une vache cularde présente une hypertrophie musculaire de l’arrière-train. On parle également de race bovine ou ovine cularde. Par extension, un gène culard est un locus génétique impliqué dans ce phénotype.

** Loof : Livre officiel des origines félines.

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Le bulldog anglais est souvent cité en exemple quand on évoque l’hypertype. Hélène Denis
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Dans certaines races, comme le berger allemand dont on a abaissé l’arrière-train, l’hypertype s’accompagne de difficultés locomotrices. Antonio Gravante-Fotolia.com

La castration : solution de tous les problèmes comportementaux ?

La castration est-elle la solution à tous les problèmes comportementaux de l’espère canine ?

Article du Dr Antoine BOUVRESSE, vétérinaire comportementaliste.

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Souvent proposée, la castration du chien mâle est souvent envisagée comme le remède miracle pour des indications comportementales qui se comptent à la pelle. Pour sortir des préjugés et pour répondre concrètement, ce billet s’appuie sur des études scientifiques validées afin de savoir quel est l’influence de la castration sur les divers comportements gênants de nos toutous !

Une petite note sur laquelle nous reviendrons plus tard: si la castration est proposée pour tout comportement problématique possible et imaginable, ça n’est sans doute pas un hasard. En effet on entend fréquemment (TROP fréquemment) dans le monde cynophile que si un chien présente tel ou tel comportement gênant, c’est parce qu’il est DOMINANT (quel que soit le comportement évoqué soit dit en passant !). Suivez moi, ça va aller très vite mais ça marche à tous les coups :

Comportement gênant > Chien « Dominant » > CASTRATION

Hé oui ! Pourquoi réfléchir quand les réponses sont si évidentes !  😉

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Après les digressions, les ÉTUDES. Elles portent sur les comportements gênants suivants :

  • Agression intraspécifique
  • Agression envers un humain inconnu
  • Agression envers le / les maîtres
  • Malpropreté
  • Fugues
  • Chevauchements
Attention, malpropreté et / ou agressions peuvent être le révélateur de nombreuses pathologies médicales : endocrinopathies, insuffisances rénales, arthrose etc etc… Un examen clinique par un vétérinaire est IMPÉRATIF ( accompagné si nécessaire d’analyses sanguines). 

Les études de  Neilson et al., 1997 (1) et Landsberg et al., 2003 (2) montrent que la castration apporte des bons résultats:  sur les malpropretés, fugues et chevauchements on note 90 % d’amélioration chez 25 à 40 % des chiens.

Les études de Knol et Egberink-Alink (1989), et Hopkins et al. (1976) montrent une Forte résolution des fugues (>60%) , une bonne résolution des malpropretés et des chevauchements, et une amélioration moyenne des agressions entre chiens mâles !

               (Fugues > Malpropreté, chevauchement > Agressions Mâle – Mâle) 

Concernant l’efficacité de la castration sur les problématiques d’agressions… Il semblerait que seules les agressions intraspécifiques « Mâle > Mâle » soient améliorée.

Ces résultats sont frustrants : s’il semble évident que la castration ne soit pas un remède miracle (réduction seulement de 30% des agressions vis-à-vis du maître), qu’est-ce qui pourrait expliquer qu’elle ne soit pas aussi efficace sur un humain connu que sur un humain inconnu ?

La réponse vient probablement du fait que dans toutes ces études, les séquences agressives ne sont pas assez précisées : il existe des centaines de raisons pour qu’un chien mordre son maître ou un inconnu.

Starling, (2013) démontre que le statut sexuel des chiens mâles influence leur degré de hardiesse et de témérité (Boldness). Peut-être que c’est là la clef des statistiques précédentes très pauvres !

Si l’on avait étudié les agressions en distinguant agression par PEUR versus agression de défense de RESSOURCE, peut-être aurions nous des résultats plus cohérents qu’en utilisant une classification interspécifique / intraspécifique.

On pourrait supposer que la castration, en diminuant le niveau de témérité d’un chien (Starling, 2013), permettrait de diminuer les agressions liées aux défenses de ressource! Prenons l’exemple d’un chien mâle correctement socialisé, qui vit avec des congénères, mais qui occasionnellement peut-être amené à se battre avec un autre mâle au cours d’un repas ou autour d’un jouet. Il est fort probable que la castration, en diminuant ta témérité, diminue la probabilité de ces agressions.

A l’inverse, prenons un chien qui n’est pas socialisé à ses congénères, ne sait pas communiquer, et agresse systématiquement au bout de sa laisse tout les chiens qui passent dans son champ visuel. Ces agressions PAR PEUR ne seront probablement pas solutionnées par une baisse de sa hardiesse !

(Soit dit en passant… Elle est la loin la théorie du chien qui agresse parce qu’il est dominant !)

Pour les relations interspécifiques, on peut appliquer le même raisonnement : OUI, la castration peut potentiellement diminuer la probabilité qu’un chien grogne parce qu’on s’approche de sa gamelle. MAIS NON, la castration ne diminuera pas les grognements d’un chien que l’on corrige autour de son panier ou de sa gamelle. Grogner dans un contexte de punition est une agression par peur qui a pour fonction de communiquer l’inconfort d’un chien et pour laquelle la castration n’aura que peu d’influence.

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Il existe 2 méthodes de castration :

Messieurs, vous pouvez vous cacher les yeux…

La méthode chirurgicale : elle est définitive
et nécessite une anesthésie générale.

La castration chimique par pose d’un implant sous cutané de Desloréline. Elle peut se faire sans tranquillisation, son efficacité est provisoire et d’une durée de 6 à 12 mois. Attention certains reproducteurs ont du mal à revenir à la reproduction après 1 ou plusieurs implants. De rares cas d’hépatites ont été décrits.

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En conclusion :

  • La castration est une demande courante mais qui ne doit pas pour autant faire oublier d’éventuels problèmes médicaux sous-jacents.
  • La castration a une bonne efficacité sur les comportements de fugue, de chevauchement et les agressions entre chiens mâles (pubères !)
  • La castration fait diminuer la témérité des chiens (Starling, 2013), ce qui diminue probablement la survenue d’agressions liées aux défenses des ressources.
  • En tout état de cause, chaque séquence agressive devrait être analysée pour en comprendre la cause ET les apprentissages associés (punitions, renforcements etc…)
  • En cas d’agressions domestiques, la castration peut être une option intéressante en parallèle de nouveaux apprentissages associatifs. Elle ne devrait pas être envisagée comme une solution en tant que telle.
Cette démarche n’est évidemment possible qu’en sortant du schéma « tout dominant / tous castrés »

NB : Antoine Bouvresse peut transmettre sur demande les références des articles cités

© Dr Antoine BOUVRESSE, vétérinaire

La domestication du chien trouve son origine en Asie Centrale

La domestication du chien

trouve son origine en Asie Centrale

Article issu du site sciencesetavenir.

On a longtemps pensé que la domestication du chien avait débuté dans différentes régions du globe en même temps. Il n’en est rien : elle trouve son origine en Asie Centrale.

german shepherd running in snow-dog animal desktop wallpaper

ORIGINE. Il a longtemps paru évident que le chien a commencé à être domestiqué au même moment (il y a 15.000 ans) dans trois régions du monde différentes : l’Asie, l’Europe et l’Afrique. Mais il n’en est rien. Des chercheurs de différents pays ont publié une étude dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences démontrant que l’origine de la domestication de Canis lupus familiaris est asiatique et plus précisément originaire de l’Asie Centrale. Les chercheurs ont analysé plus de 185.000 marqueurs génétiques (sur les gènes autosomiques, mitochondriaux et sur le gène sexuel Y) de 5392 chiens dont 549 « chiens de village ». Ces derniers sont des chiens qui ont peu de contact avec les humains et qui n’ont pas subi la sélection artificielle. Les résultats démontrent qu’un gradient décroissant de diversité génétique s’est établi entre l’Asie centrale et les autres régions du monde. En effet, les chiens d’Asie (Asie de l’Est, Inde et Asie du Sud) possèdent une grande diversité dans leur génome grâce à leur proximité avec le berceau de la domestication : l’Asie Centrale. L’étude estime que cette origine serait au niveau de la Mongolie et du Népal actuels. L’analyse génomique a également permis de dire que les chiens Africains sont issus de croisements entre les chiens Européens et les espèces indigènes alors que les chiens du Néotropique (Amérique centrale, Antilles, Amérique du Sud et îles Galápagos) et du sud du Pacifique proviennent essentiellement de la population européenne. Globalement, les autres régions du monde ont été peuplées par des chiens provenant de croisements entre les chiens indigènes et européens. Actuellement, les chiens peuvent se départager en deux groupes distincts : les chiens de pure race (environ 400 races) et un autre groupe génétiquement plus diversifié et dont les spécimens sont présents un peu partout dans le monde, ces fameux « chiens de village ». La sélection artificielle et les goulots d’étranglement (le nombre d’allèles différents disponibles pour un même gène est réduit à cause de l’isolement de la population) ont appauvri la diversité génétique des chiens de pure race.

© sciencesetavenir

La grande question de la castration

La grande question de la castration !

Article du blog Boules de Fourrure, datant du vendredi 12 mars 2010.

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J’aurais sans doute pu aborder le sujet depuis longtemps. Il me manquait l’angle, l’anecdote, ou l’envie. Ça tombe bien, on vient de me chauffer suffisamment pour que je ressente le besoin de me défouler.

Aujourd’hui, nous allons parler de castration. De chiens et de chats, mais vous pourrez extrapoler. Nous allons parler de castration, avec un brin d’agressivité, une pointe de provocation et un zeste de vulgarité.

De quoi s’agit-il ?

Faisons simple : couper les roubignolles est une chirurgie tellement superficielle que cela en est humiliant pour notre mâle fierté. Superficielle ne signifie pas forcément simple, mais c’est loin d’être le bout du monde malgré tout. Pour faire savant (c’est moins inquiétant et un peu plus gratifiant), on peut parler d’orchiectomie (orchis, le testicule, -ectomie, on coupe), je vous laisse faire un copier/coller sur le billet si vous y tenez.

Chez le chat, on tond ou on épile le scrotum – la bourse, la peau, l’enveloppe superficielle – puis on incise ledit scrotum, ce qui permet de découvrir une enveloppe nommée « vaginale », laquelle n’a strictement rien à voir avec le vagin de ces dames et demoiselles.
On incise la vaginale – sur un centimètre à peine, et cela permet de découvrir le testicule à proprement parler, accompagné de son annexe l’épididyme, diverticule sur le canal déférent, ce tuyau qui mène des usines à spermatozoïdes jusqu’à l’urètre (le tuyau de sortie). On ligature le vaisseau sanguin qui nourrit le testicule et le conduit déférent, puis on coupe et on retire le testicule et l’épididyme.

Et puis c’est tout.

Chez le chien, on incise plutôt sur le côté du fourreau que sur le scrotum – question de sensibilité et de facilité chirurgicale, puis on remonte le testicule dans la vaginale (essayez messieurs – ou mesdames et mesdemoiselles, je pense que ces messieurs n’y verront aucun inconvénient si vous êtes délicates : c’est simple, poussez vers le haut, ça glisse tout seul jusqu’à sortir du scrotum et se retrouver sous la peau de l’aine, ce qui, chez le chien, revient à se trouver au bord du fourreau). On incise la peau puis la vaginale en regard, on ligature les vaisseaux et conduits et on coupe tout ça, avant de suturer.

C’est une chirurgie simple, aux complications rarissimes. Non douloureuse en plus, courte, avec récupération très rapide. C’en est presque vexant de voir le chat castré le matin même chasser les souris le soir dans la grange comme si de rien n’était. On aimerait un peu plus de pathos et de douleur, mais bon.

Quels avantages ?

De l'(in)utilité des testicules

Pour répondre à cette question, il faut d’abord bien se souvenir de l’utilité de nos testicules : soyons honnêtes, ils font partie des organes les plus dispensables de notre corps. Parce qu’à part faire des bébés et permettre le développement des attributs masculins, via une hormone nommée testostérone, les couilles ne servent pas à grand chose.

Premier point : un chat ou un chien n’a pas besoin de se reproduire pour être heureux. Je sais, c’est très dur à admettre, et votre coiffeur est d’un autre avis. L’envie de se reproduire, d’avoir des enfants, est absolument humaine. Je n’ai pas l’intention d’aborder l’analyse du désir d’enfant, mais dites vous bien qu’elle est hors de propos chez les animaux, pour lesquels la reproduction est une affaire d’instinct, permettant la perpétuation de l’espèce au même titre que la pollinisation des fleurs. La femelle en chaleur voit son comportement modifié par ses hormones, elle produit des phéromones, des espèces d’odeurs qui viennent stimuler un organe situé entre le nez et le palais, lequel est directement branché sur le cerveau et provoque une réaction immédiate et instinctive, le rut. Le matou ou l’étalon chevauche la donzelle, avec plus ou moins de parades et de simagrées plus ou moins romantiques (c’est plus sympa à observer chez les chiens que les chats, au moins les premiers ont l’air de se faire un minimum plaisir), et en avant. Il passe à la suivante. Il n’y a rien là-dedans qui se rapporte à l’assouvissement d’un comportement nécessaire au plein épanouissement du mâle (ou de la femelle). Ce comportement n’est déclenché que par les phéromones de la femelle en chaleur, et ne marche que si le mâle a les récepteurs pour les comprendre, ce qui n’est plus le cas juste après une castration précoce ou longtemps après une castration tardive.

Second point, concernant les caractères sexuels secondaires. Au niveau physique, pas de barbe ni de moustache, encore moins de pectoraux velus : les caractères sexuels secondaires physiques sont discrets chez nos carnivores domestiques, et on s’en passe très bien.

Au niveau comportemental, par contre, c’est beaucoup plus net : le mâle castré va éviter toutes les séquences comportementales liées au rut, et donc nombre de bagarres, de fugues et de coups de pieds dans le derche. Il marquera également moins son territoire (adieu les pipis des matous sur les murs). Je précise encore une fois l’importance de la précocité de la castration sur ces aspects là : si les comportements sont bien installés, castrer sera inutile ou beaucoup moins profitable que si la castration avait été pratiquée autour de la puberté. Les mâles castrés tardivement pourront même continuer à saillir (et pour ceux qui ne suivent pas dans le fond : non, ils ne feront pas de bébés).

Des risques de la sexualité débridée

Le sexe, c’est chouette, mais ça a quand même un paquet de défauts, d’autant qu’il est déjà difficile d’expliquer et de faire appliquer les précautions minimales à un ado qui n’a presque pas l’excuse des phéromones pour faire n’importe quoi, alors, ne parlons pas d’un chat ou d’un chien.

Au niveau sanitaire, notons chez les chats l’existence de deux maladies sexuellement transmissibles :

  • le Syndrome d’ImmunoDéficience Acquise (SIDA) du chat, très proche du SIDA de l’homme mais sans aucun risque de contamination de l’un par l’autre (les maladies et les virus responsables sont similaires mais ne passent pas d’une espèce à l’autre). Il provoque une perte d’efficacité des défenses de l’organisme, et le développement d’autres infections opportunistes qui finiront par emporter le chat. Il n’y a pas de vaccin, et pas de traitement, on peut tenter de gérer les choses à l’aide d’anti-viraux et de traitements ciblés mais ça marche mal et c’est hors de prix.
  • la leucose féline, provoquée par le virus FeLV (Feline Leukaemia Virus), provoque des anomalies de la multiplication des globules blancs, ces cellules qui assurent la défense du corps, et des cancers de ces globules blancs (lymphomes ou leucémies). Il existe un vaccin contre la leucose féline, d’une efficacité tout à fait remarquable, ainsi qu’un traitement, d’une efficacité beaucoup moins remarquable (mais qui peut valoir le coût dans un certain nombre de cas).

La meilleure protection contre ces deux maladies reste la castration (et l’ovariectomie pour les femelles).

Les chiens ont plus de chances, ils n’ont pas de MST aussi graves même si on pourrait discuter dans ces deux espèces de la chlamydiose et des herpes virus.

Au niveau sanitaire toujours, la castration permet de diminuer le risque :

  • d’abcès sur les chats (suite aux bagarres)
  • d’hyperplasie bénigne de la prostate et de prostatite chez les chiens
  • de coups de pieds dans le derrière, et de leurs amis coups de fusils, coups de bâtons, distributions de mort-aux-rats
  • de se faire rouler dessus par une voiture

Attention cependant à quelques inconvénients, dont nous allons parler maintenant.

Quels inconvénients ?

J’en vois certains qui sourient en coin. Bien sûr qu’il y a des inconvénients à la castration. Ce n’est pas parce les roubignolles ne servent pas à grand chose en dehors de la procréation, qu’elles ne servent à rien.

Premier inconvénient : le risque d’obésité, problème fréquent chez les mâles comme les femelles stérilisées. La prise de poids est principalement due aux modifications du fonctionnement du corps induites par la disparition (pour le mâle) de la production de testostérone. Ça se gère très bien en faisant attention à la gamelle, mais c’est un risque insidieux et sous-estimé par les propriétaires.

Second inconvénient : le risque de formation de calculs urinaires chez le chat mâle castré est 3.5 à 7 fois supérieur (selon le type de calcul) par rapport au chat mâle non castré. L’obésité et la sédentarité sont aussi des facteurs de risque. Je n’ai pas de chiffres sous la main, mais j’observe ce genre de pathologie environ 8-12 fois par an dans ma clientèle, ce n’est donc pas extrêmement fréquent (mais c’est grave et cela nécessite une prise en charge vétérinaire rapide).
Ce risque peut être prévenu en donnant au chat des croquettes adaptées (contenant moins d’éléments constitutifs des calculs et stabilisant l’acidité urinaire). A ce sujet : attention aux allégations sur les paquets de croquettes, car tout le monde se met à marquer « spécial calculs » sur les emballages, or j’ai constaté de flagrants échecs avec certaines marques de supermarché. Les croquettes ne sont pas des médicaments, il ne faut pas croire tout ce qui est marqué sur les boîtes. De mon expérience personnelle, j’ai une confiance assez solide dans les marques haut de gamme (croquettes vétérinaires). Mais c’est cher.

De l’antropomorphisme aux idées reçues

Rassurons-nous : l’image de l’épouse castratrice qui amène Rex pour le faire raccourcir après une violente dispute à ce sujet avec son mari reste, globalement, un fantasme, quoique tous les vétérinaires ont quelques anecdotes de ce type.

La castration des chats mâles passent assez bien, tout simplement parce que les marquages urinaires des mâles entiers sur les rideaux scellent généralement le destin de leurs testicules, et que le passage du minou sous les voitures en période de chaleurs constitue souvent un drame familial que peu de gens sont prêts à expérimenter chaque année.

Pour les chiens, c’est plus compliqué : on voit moins l’intérêt direct de les castrer, que ce soit du point de vue de la santé ou du comportement du chien. Ce sont les propriétaires des femelles qui subissent le plus de désagréments de la vie sexuelle de leur compagnon, et la virilité de Médor a tendance à flatter monsieur, alors…

De plus, on craint souvent que la castration ne fasse disparaître le flair (faux : le siège de l’odorat ne se trouve pas dans le scrotum), ne diminue les performances sportives (faux : combien de champions d’agility sont castrés ?), ne modifie le comportement du chien (faux, en dehors des comportements spécifiquement liés à la reproduction). Tiens, en passant, pour les chiens mordeurs : castrer ne résout en général aucun problème, sauf en ce qui concerne les agressions liées à la reproduction.

Ah, et le fait de castrer un individu, quelle que soit son espèce, ne le transforme pas en fille, je précise cela pour ceux qui se posent encore la question.
Dans le même registre, un mâle peut saillir sa mère, sa sœur ou sa fille (il ne va pas se gêner, les phéromones sont les phéromones).
Les races de chiens (et de chats) sont toutes inter-fécondables, donc oui, le fox peut couvrir la labrador, le bâtard la caniche, et ainsi de suite.
Un étalon de race qui a sailli une bâtarde ne sera pas perverti, et ses futurs produits ne seront pas abâtardis par son inqualifiable écart de conduite, vous pouvez donc le conserver pour saillir la femelle que vous lui aviez choisi. De plus, il vous emmerde, et recommencera à la première occasion.
Oui, les bâtards sont fertiles, cela n’a rien à voir avec les mulets (croisement cheval/âne, stérile, car ce sont deux espèces différentes, alors qu’un Yorkshire, un Bleu de Gascogne ou un Saint-Bernard sont tous des chiens).

Oui, il existe des testicules artificiels en silicone, qui servent à remplacer le vide béant laissé par les organes d’origine lors de la castration. C’est purement esthétique et ça ne sert à rien. Je précise à l’attention d’une de mes charmantes clientes qui ne me lira pas ici, que si elle me redemande d’enlever l’unique testicule intra-abdominal de son chien, de laisser l’autre (qui est en place) et de placer l’une de ces prothèses, je réaliserai également une vasectomie (ligature des tuyaux qui transportent les spermatozoïdes) sur le testicule « normal » afin de l’empêcher de se reproduire, car je sais bien qu’elle en profiterait pour faire confirmer son champion et le faire reproduire moultes fois (or cette anomalie de descente des testicules a une forte composante génétique et constitue un critère d’exclusion de la reproduction par les clubs de race). J’apprécierais aussi qu’elle évite de me prendre pour une burne en me précisant que je pourrais faire un certificat pour attester que le chien était monorchide, puisque je sais aussi qu’elle s’empressera de ne pas s’en servir.

Et non, non, non, votre chien ou votre chat ne vous en voudra pas si vous le faites castrer, il ne sera pas malheureux, il ne se sentira pas inférieur quand il croisera ses congénères. Il attache beaucoup moins d’importance que vous à ses testicules, soyez en sûr(e)s.

© Boules de Fourrure