Stimulation et socialisation précoce des chiens médiateurs ? (partie 1/2)

Je vous présente aujourd’hui, un article écrit par Arnaud Arricastres (instituteur et éducateur canin). Il vous sera présenté en deux parties. Le débat est ouvert : la stimulation et socialisation précoce (dès les premières heures de vie) des futurs chiens médiateurs est-elle nécessaire ? Bonne lecture !

stimulation neurologique

© chienaustral

La nécessaire stimulation et socialisation précoce des chiens en médiation animale

A l’heure où la médiation animale se développe tous azimuts et où le nombre d’activités accompagnées par les chiens progresse un peu partout en France, il me parait nécessaire de porter notre réflexion sur la bientraitance à l’égard du chien médiateur. A travers cet article, je souhaite penser les notions de bientraitance et de bienveillance à la lumière des connaissances actuelles en psychologie animale mais d’une manière assez singulière. Mon propos n’est pas de définir une charte des bonnes pratiques ou de faire l’analyse de ce qui, dans nos ateliers, pourrait générer de la souffrance à l’égard de nos compagnons. Je souhaite simplement attirer l’attention des professionnels sur les connaissances qui me paraissent indispensables pour sélectionner, choisir et aider au développement de chiens  équilibrés, sereins, sociables et surtout aptes à réagir favorablement aux nombreux stress imposés par une vie au contact d’un public en difficulté.

Il sera donc question ici de bientraitance mais sous l’angle de « l’aptitude acquise » et ce, dès les premières heures de vie. Cette précision est importante parce qu’elle engage aussi les éleveurs avec qui vous travaillez. Depuis quelques années, en tant qu’éducateur canin ou évaluateur pour une association de médiation animale, j’ai pu constater à quel point les éleveurs ne prennent pas conscience de l’importance primordiale de leur travail sur le comportement du chiot et son devenir. Faire un travail de sélection, c’est choisir l’environnement, les installations, les reproducteurs, mettre en œuvre le nécessaire travail d’éveil, de stimulation, de socialisation des chiots… bref tout ce qui permet de donner le relai à une famille dans les meilleures conditions. Les quelques lignes qui suivront nous permettrons de mettre en lumière quelques études qui montrent l’importance du travail des éleveurs que ce soit pour les chiens de famille ou les chiens d’assistance.
Nous partirons de deux présupposés qui prennent source dans nos pratiques et dans les recherches décrites et résumés dans cet article :

  • Le premier est qu’être chien médiateur n’est pas un long fleuve tranquille.
  • Le deuxième est qu’il est possible de sélectionner et former des chiens capables de résister à des environnements instables et stressants.

Définir le stress pour les chiens médiateurs

Le stress est une réponse de l’organisme aux facteurs d’agression physiologiques et psychologiques. Le stress est nécessaire quand un individu doit réagir et s’adapter rapidement à une situation. Dans notre pratique de la médiation animale, il est des stress qui sont bien éloignés de l’environnement « ordinaire » des chiens. Personnes à mobilité réduite, en situation de handicap, troubles envahissant du développement, personnalités psychotiques, jeunes ou âgées. Fauteuils roulants, béquilles, déambulateurs… Milieu hospitalier, carcéral, maisons de retraite, écoles…. Parfois des cris, des pleurs, des gestes déplacés, des mouvements brutaux, des déplacements inhabituels… Autant de choses qui pourraient stresser le plus formidable et équilibré des chiens de famille. Le chien d’assistance doit avoir un petit truc en plus qui fait toute la différence. Cette différence est à chercher, à mon avis, dans la gestion du stress.

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Modèle biologique du stress

Selye (1956) a élaboré un modèle théorique le “Syndrome Général d’Adaptation” qui précise qu’à la suite d’un stress, l’organisme a pour objectif de rétablir l’homéostasie. Le “Syndrome Général d’Adaptation” se décompose en trois stades. Le premier stade est la réaction d’alarme qui survient après le stress. C’est une phase de mobilisation des ressources hormonales. La seconde phase est la phase derésistance qui correspond à une période de compensation avec une recharge des moyens de défense.
La troisième phase est la phase d’épuisement lorsque les ressources biologiques et psychologiques ne sont pas suffisantes. Si, l’agression persiste en durée et en intensité, l’organisme perd ses ressources adaptatives et les conséquences sont négatives.

A mon sens on peut parler de maltraitance lorsqu’on soumet un chien à un stress important ou lorsqu’on oblige un chien à évoluer dans un environnement dans lequel il n’est pas adapté. On peut parler dans ce cas-là de chiens qui souffrent et qui peuvent être marqués durablement par certaines situations. Je pense que certains chiens de médiation ne sont pas adaptés au « métier » de médiateur. Je pense aussi que de nombreux maîtres ne connaissent pas assez les signes qui indiquent qu’un chien est soumis à un stress important auquel il ne peut seul se soustraire. Notre métier ne doit pas se faire aux dépends de notre animal qui n’a pas demandé à être là (Bien qu’il puisse à l’inverse éprouver du plaisir à travailler avec son maître et à recevoir autant de preuves d’amour du public qu’il rencontre).

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Modèle interactionniste du stress

Le stress peut être vu sous un angle différent, moins « mécaniste ». Il est le résultat d’une relation dynamique entre l’individu et les exigences de l’environnement, les ressources individuelles et la perception par l’individu de cette relation. C’est un processus par lequel des événements menaçants provoquent des comportements d’ajustement face à cette menace.
Pour Lazarus et Folkman (1984,) l’individu ne subit pas passivement les contraintes du milieu environnant. Il est actif face à la contrainte et va pouvoir mettre en place des stratégies d’ajustement. La résistance au stress n’est donc pas réductible aux fonctions biologiques (physiologiques et comportementales) ; elle met en jeu les ressources mentales et adaptatives du sujet.

A notre niveau cette théorie propose une ouverture intéressante. Il faut développer les ressources adaptatives des chiots afin de leur permettre une plus grande résistance dans leur vie adulte. Il ne s’agit pas de créer des «  robots » froids et sans émotions mais de stimuler des chiots afin qu’ils deviennent sécures et stables émotionnellement dans leur environnement futur.

© Arnaud Arricastres

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Vous découvrirez dans le second article les principes de la stimulation neurologique précoce, la théorie de la stabilisation sélective et bien d’autres choses passionnantes.

Source : coeurdartichien

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