Est-ce que ça « marche » ?

Est-ce que ça « marche » ?

Article issu du blog Magic Clicker.

La grande question, quand on aborde les « méthodes » d’éducation canine (ou disons plutôt des modèles vu que, en aucun cas, je ne considèrerai le clicker training comme une « méthode ») – c’est, avant tout, leur « efficacité » – avec sa question clef « est-ce que ça marche ? » ou, plus précisément encore, « est-ce que ça marche mieux ou moins bien qu’un modèle aversif ? »

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Une manière de considérer l’éducation (ou la vie ?) qui me laisse toujours légèrement perplexe car je considère avant tout le temps passé avec un animal comme un voyage, plus ou moins agréable (pour tous), plus ou moins enrichissant aussi, que comme une simple destination à atteindre à toute allure – surtout quand cette destination ou but ultime se résume à une obéissance indéfectible versus une synergie à deux.

Le clicker training c’est un modèle qui se focalise sur le fait de rendre intéressants, passionnants, agréables et gratifiants certains comportements qui seront donc adoptés de préférence à d’autres comportements qui, eux, n’ont pas cet historique de plaisir à leur actif. Si, chaque fois que je pousse le bouton rouge, je reçois dix euros et, quand je pousse le bouton vert, rien ne se passe, je vais rapidement opter pour ce rouge plutôt que pour le vert (après l’avoir évidemment essayé à plusieurs reprises, sait-on jamais). Si quand je pousse le bouton rouge je reçois dix euros et, quand je pousse le vert, je reçois un choc électrique puissant…. il est fort possible que je reste plus facilement éloignée du vert à l’avenir.

Dans le processus, par contre, j’aurai appris que – parfois – faire des choses dans un contexte de jeu, de travail, d’éducation peut se révéler très déplaisant ….

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Quand les choses vont devenir plus complexes qu’un choix unique du style « vert ou rouge ? » et deviendront un caléidoscope de couleurs et même de nuances d’une même couleur et que bon nombre de ces couleurs et nuances vont me valoir une douleur, une peur ou un malaise, je vais inévitablement – commencer à avoir peur de me tromper. Peur de choisir le mauvais bouton… Et si je me trompe ? Gloups… 😦

Selon ma personnalité (ma génétique aussi), je vais travailler plus lentement, réfléchir à deux fois avant de bouger et d’entreprendre voir, éventuellement, ne plus beaucoup aimer ce « travail » voir, encore, ne plus avoir envie de travailler avec la personne qui m’accompagne.

Il est aussi possible, (toujours selon ma personnalité), que je travaille avec plus d’attention, que je sois hyper focalisée sur se qui se passe autour de moi, que je me mette à attacher une attention spasmodique aux signaux et ordres – parce que je veux vraiment, vraiment éviter ces conséquences très fâcheuses (possible).

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Évidemment, ça ne va pas œuvrer dans le sens de mon bien-être mental et donc inévitablement physique (la peur, la crainte, le stress ne sont pas précisément les facteurs principaux du bien-être a priori). Tout ça peut même finir par me rendre malade si j’y mets toute ma meilleure volonté (phénomène bien connu dans le monde du travail).

Quelle approche est-elle la plus efficace ? Selon mon modèle, ma vision du monde, le genre de relation que je souhaite entretenir avec les êtres qui m’entourent, ma réponse est celle du renforcement positif (toute bonne réponse apporte quelque chose de bon, toute réponse erronée n’apporte rien) et j’obtiens des chiens qui sont toujours joyeux de faire des choses avec moi et les font sur la base de mes critères personnels (que tout propriétaire de chien devrait définir régulièrement) – parce que, entre autres considérations, la notion de résultat n’est pas mon unique perspective mais j’ai, également, une dimension éthique à mettre dans l’équation (a-t-on le droit d’infliger peur et/ou douleur à un autre être au nom d’une prétendue efficacité qui reste par ailleurs à démontrer ?).

Quand je vois les résultats obtenus par ces beaucoup trop rares employeurs qui ont compris le pouvoir affolant d’un renforcement positif intelligemment mené, je me dis que les autres avancent dans une pièce sombre avec les yeux bandés  ;-)

Je reste absolument convaincue (et des centaines des chiens monstrueusement efficaces et performants en sports et activités canines le confirment tous les jours) – qu’un chien arrive aux mêmes performances qu’un autre travaillé avec des méthodes panachées d’aversifs, voir les dépasse allègrement (et offre un tout autre spectacle au passage) mais la vraie de vraie question pour moi est encore une autre : est-ce que l’efficacité peut / doit vraiment être notre unique préoccupation ?

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© blog Magic Clicker 

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