L’EMDR pour les animaux (article 2 sur 4)

L’EMDR pour les animaux (article 2 sur 4)

Article issu du site sandraetlechien.

Dans notre précédent article nous en étions arrêtés au fait qu’en EMDR animal, les praticiens ne travaillent pas avec la conscience des évènements passés, mais avec les mémoires sensorielles liées à cet évènement.

Poursuivons notre entretien avec Fabienne Lannes-Gillibert pour emanasso.com.

 

sandraetlechien : Fabienne veut établir une distinction entre le trauma et l’élément déclencheur

Fabienne Lannes-Gillibert pour emanasso.com: Il y a trauma et il y a déclencheur actuel. Lors d’un trauma, c’est-à-dire lorsque l’individu vit une situation terrifiante, toutes les informations, tous les éléments sensoriels (auditifs, visuels, olfactifs…) contenus dans cette situation, vont se figer ensemble. Ensuite, et ce peut être des années après, peu importe le temps d’ailleurs, il suffit qu’apparaisse un seul de ces éléments, ou quelque chose qui lui ressemble et ce sera tout le réseau de mnésique qui sera réactivé: c’est le réseau mnésique dysfonctionnel.

trauma_logoAutrement dit, un mammifère peut développer ainsi la phobie d’un objet qui roule, si dans le trauma il y avait un objet analogue (une bicyclette par exemple). Peut être même que le simple bruit d’une roulette pourra réactiver toute la situation traumatogène, avec la même terreur que celle vécu lors du trauma. L’individu ressentira alors des émotions et aura des comportements d’apparence inadaptés en rapport à la situation présente, mais qui, pour lui, seront bien fondés.
Et il est important de savoir que cette notion de trauma est plus large encore. Elle ne se limite pas seulement aux situations vécues par l’animal lui-même : il suffit que le mammifère soit témoin d’un drame vécu par un congénère pour qu’il ressente dans tout son corps les sensations comme s’il l’avait lui-même vécu. C’est ce que les chercheurs nomment : les neurones miroirs, que possèdent tous les mammifères.
En EMDR animal, nous ne travaillons pas avec la conscience des évènements passés, mais avec les mémoires sensorielles liées à cet évènement.

sandraetlechien : Quels sont les prérequis pour bâtir cette approche EMDR animal: les animaux ont des émotions, ils ont des souvenirs… Quoi d’autres? c‘est pas un peu anthropomorphique ?
Fabienne: Vous voulez dire, n’est ce pas anthropomorphique de proposer l’approche EMDR aux autres mammifères que l’homme?
C’est pourtant bien ce que fait la science depuis des siècles, sans que personne ne s’en étonne! L’animal a toujours été utilisé en laboratoire, pour des expériences biologiques, somatiques, comportementales, donc, émotionnelles. Puis, les résultats de ces expériences ont ensuite été appliqués à l’homme.
C’était d’ailleurs le but : pouvoir mieux soigner l’homme à partir des expériences animales. N’était ce pas attester de la similitude entre l’homme et l’animal sur le plan de sa constitution et de ses comportements? Personne n’a jamais qualifié cela de zoo-morphisme.

heart and brain that walk hand in hand, concept of health of walking

Aujourd’hui, en adaptant l’EMDR aux mammifères animaux, nous faisons l’inverse de ce qui s’est toujours passé : nous partons des résultats positifs de cette approche obtenus avec les humains, pour l’appliquer au monde animalier.
Et nous pouvons le faire, car l’EMDR agit sur le cerveau émotionnel. Tous les mammifères ont un cerveau émotionnel, c’est là le prérequis.

sandraetlechien : Sur quelles études scientifiques sur les animaux basez-vous votre pratique ?
Fabienne: Qu’est ce qu’une étude scientifique? Les études scientifiques partent toujours d’une observation ou bien d’une idée, d’une hypothèse, que l’on cherchera à valider, à confirmer par expérimentation.
Le point de départ de l’EMDR c’est l’observation faite par Francine Shapiro en 1987, sur elle-même, d’un phénomène de soulagement émotionnel produit par des mouvements bilatéraux alternés. Ce n’est que bien plus tard que les chercheurs ont confirmé, par l’expérimentation, par reconduction du phénomène, la réalité de sa découverte.
Il aura fallu 17 ans, pour que l’HAS (Haute Autorité de la Santé), en 2004, reconnaisse l’EMDR comme étant particulièrement efficace et rapide dans le traitement des états de stress post-traumatique. L’OMS validera l’EMDR en 2012, 25 ans après.
Heureusement que les praticiens en EMDR n’ont pas attendu 25 ans, la reconnaissance, pour traiter des centaines et des milliers de personnes souffrant d’ESPT (état de stress post-traumatique), comme les vétérans du Vietnam par exemple.
Avec les animaux, c’est le même chemin à suivre. Depuis des années, nous traitons des chevaux, des chiens…

exemple gauche1) Un chien qui ne pouvait pas monter dans l’ascenseur, au grand damne de sa maitresse qui habite au 7° étage, peut maintenant le faire, après un traitement en EMDR, sans aucun problème. Ce qui change la vie de sa maitresse.
2) Un cheval qui bloquait au passage des sauts d’obstacles, étonne maintenant tout le haras en sautant allègrement
tout obstacle.
3) Ce chien qui ne pouvait pas se laisser soigner les oreilles, attend maintenant patiemment que sa maitresse ait fini le traitement auriculaire. Etc…

Notre travail a commencé en 2010 et en 2013, les chercheurs du CNRS de Bordeaux ont validé l’efficacité de l’EMDR dans le déconditionnement de la peur chez les petits mammifères rongeurs.

sandraetlechien : Y-a-t-il des recherches en cours pour voir l’efficacité de cette approche ?
Fabienne: Oui, dans l’institut EMANASSO, institut dont je suis co-fondatrice avec Mme Bordat, directrice, nous avons créé le GREA, Groupe de Recherche pour le traitement EMDR avec les Animaux. Car nous avons observé que l’approche EMDR va encore plus loin que l’apaisement du stress, de la peur et des phobies chez l’animal : nous observons des modifications somatiques étonnantes et je crois que nous n’en sommes qu’au début. Le poil devient brillant, la tonicité devient meilleure, l’eczéma se réduit….ce que nous observons chez les humains au niveau des troubles somatiques serait donc possible aussi chez l’animal?
Ceci nous pousse toujours plus loin dans la recherche.

À suivre au prochain post…

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Note : L’association Canima propose ce type de prestation. Julie, notre éducatrice, possède son Certificat de Praticien animalier en EMDR.

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