Quelques subtilités pour un bon rappel

Quelques subtilités pour un bon rappel

Voilà un petit moment que je n’ai pas fait d’article sur l’éducation pure. Et puis le fait d’avoir un chien en famille d’accueil me pousse forcément revoir les bases, et me remet en mémoire l’importance de certains fondamentaux.

J’avais donc envie de vous faire un petit article sur le rappel.

Je ne vous ferai pas l’injure de vous dire que, pour être efficace, tout rappel doit être agréable ; que si l’on gronde son chien quand il revient, même au bout de 10 minutes, on ne lui donnera bien sûr pas envie de revenir plus vite la prochaine fois.

Je sais bien (ou j’espère) que vous ne brutalisez pas votre chien lorsqu’il n’est pas revenu tout de suite. Mais il y des  subtilités auxquelles on ne pense pas toujours.

Dans les grandes lignes, pour être efficace (j’estime qu’on a un rappel est efficace lorsque le chien fait demi tour moins de 3 seconde après le premier « viens », et ce dans 90 % des cas – nul n’est tenu à la perfection), un rappel doit répondre à deux critères :
– il doit être positif
– il doit être obligatoire (on peut être positif sans vivre dans le monde des bisounours).

Sur le positif, donc, je ne m’étendrai pas trop. Vous êtes tous capables de proposer quelque chose d’agréable à votre chien lorsqu’il revient. Ca peut être une friandise plus ou moins appétante, une partie de jeu, une chaleureuse félicitation (attention, les chiens apprécient peu les « shampoings aux doigts », comprendre les grosses caresses sur la tête et dans les yeux), ou même tout simplement l’autorisation de repartir librement, d’aller voir ses copains, de courir vers sa marre préférée, d’aller se rouler dans le crottin… Bref, tout ce qui peut plaire à votre loulou !

IMG_1355-001

Un point important toutefois : vous êtes tous capables d’être agréables lorsque vous en avez la volonté, mais parfois, vous pouvez être désagréables sans vous en rendre compte (ce n’est pas un jugement moral !).
Si vous rappelez votre chien régulièrement avec un bel ordre « viens » pour lui donner un bain forcé ou un médicament qu’il déteste, pour passer la porte du vétérinaire s’il en a peur, pour le remettre en laisse (donc le priver de liberté), pour l’attraper au vol lorsqu’il passe, ou pour l’enfermer dans la maison, votre rappel va vite être associé à une sensation désagréable. Vous ne vous en rendez pas forcément compte, mais vous aurez beau lui donner une petite croquette, les conséquences de votre rappel seront négatives pour votre chien, et il se méfiera lorsqu’il entendra le mot « viens ». A chaque rappel négatif, c’est un peu du capital sympathie de votre « ‘viens » qui s’en va. Et à ce rythme, le compte en banque peut vite devenir déficitaire, et les agios finissent par coûter très cher !

C’est un des problèmes principaux que j’ai eu avec Léo, le chien que j’ai actuellement en famille d’accueil. Dans son ancienne vie, il avait probablement appris que quand on avait l’air gentil en disant « viens » et en l’encourageant, c’était pour l’enfermer dans son enclos. Ainsi, dès que je prenais un ton gentil ou que je m’agenouillais pour dire « viens », il me regardait et se taillait le plus loin possible. Non pas pour se payer ma tête, mais parce qu’il tirait les leçons de son expérience passée. J’ai donc dû changer mon ton de « viens », prendre un ton et une posture très neutres (j’aurais aussi pu changer le mot), et surtout lui prouver que quand je le rappelais, ce n’était JAMAIS pour une raison négative.

Alors, vous me direz, comme est-ce que je faisais pour le reprendre en laisse ou lui dire de rentrer à la maison ? C’est très simple. Dans ces cas-là, je ne le rappelais pas. Une longe traînait derrière lui, et lorsqu’il s’arrêtait pour renifler ou qu’il passait non loin de moi, je ramassais innocemment la longe (le plus loin possible de son collier, pour ne pas qu’il s’en rende compte) et je continuais ma route tranquillement. Il était maintenant en laisse, sécurisé, et je n’avais pas « grillé » mon ordre « viens ».

Le deuxième critère, c’est l’obligation de résultat !

Pas facile de comprendre que quelque chose peut être à la fois obligatoire et agréable, pour nos esprits français rebelles. Et pourtant ! Le tout est que vous ne versiez pas dans l’autorité absurde (sous prétexte que c’est obligatoire, je vais prendre un ton ferme et autoritaire, et je vais me fâcher s’il ne le fait pas. Parce que quand même, c’est obligatoire !).

Obligatoire, ça veut dire que quand on rappelle le chien, la seule option qu’il a, c’est de revenir. Pour cela, les premiers temps, vous devrez tricher en vous aidant d’une longe. En effet, comment faire comprendre à Fifi que c’est obligatoire de revenir alors que si on le rappelle et qu’il ne revient pas, il ne se passe rien, puisqu’il peut tout simplement continuer à gambader pendant qu’on lui court vainement après ? La partie de rappel peut vite se transformer en partie de rugby, et le chien apprendre au mieux qu’on est totalement impuissant quand il ne revient pas, au pire que c’est follement drôle de partir en courant quand on le rappelle. La longe (une grande corde de 3 à 8 mètres qui traîne au sol derrière votre chien) va vous permettre d’intervenir si le chien ne revient pas : je t’appelle, tu t’en fiches, je vais innocemment marcher sur la longe, je te re-rappelle, et là, tu n’as pas d’autre choix que de revenir, puisque tu es bloqué par la longe. Alors entre ne rien pouvoir faire au bout de sa longe et revenir chercher une friandise, le chien saura quelle solution choisir au bout de quelques répétitions !

Question classique : jusqu’à quand doit-on laisser la longe ? Réponse classique : tant qu’on en a besoin ! Si vous remarquez que depuis quelques jours, vous n’avez plus jamais besoin de prendre la longe, vous pouvez remplacer cette longe par une laisse légère, puis une ficelle, puis plus rien. Et soyez prêts à revenir un pas en arrière à la moindre incartade !

Léo en balade avec sa longe qui traîne au sol

Léo en balade avec sa longe qui traîne au sol

Parfois, la longe ne vous sera d’aucun secours, comme par exemple lorsque votre chien a déjà galopé loin de vous. Parfois, encore, on sait d’avance que le chien a très peu de chances de revenir : parce qu’il course un lapin, parce qu’il joue avec un autre chien ou parce que, comme Léo, il a trouvé un os et pense que vous allez lui piquer – je précise que je ne lui pique jamais ses trouvailles, mais les fantômes du passé avaient tendance à le hanter.

Dans ce cas, si vous dites « viens », qu’il ne revient pas et que vous êtes hors de portée de longe, il va juste apprendre que l’ordre « viens » n’est pas obligatoire lorsqu’il est loin (ou lorsqu’il voit un chien, etc). Vous avez donc plusieurs possibilités : ne rien dire et l’ignorer, ne rien dire et partir dans l’autre sens, faire le zouave et courir dans l’autre sens sans l’appeler en espérant que vous soyez plus intéressant que ce qui l’a attiré.

Si vous respectez ces deux principes (un rappel agréable et obligatoire), vous aurez un rappel en béton, ou du moins bien supérieur à la moyenne (sauf sur des cas exceptionnels genre poursuite de gros gibier etc, nul n’est parfait !). Encore faut-il que vous vous en donniez les moyens matériels (récompenses toujours à portée de main, longe etc) et mentaux(réfléchissez avant d’appeler : la conséquence sera-t-elle négative ou positive pour votre chien ?)
Ci-dessous, un super rappel à distance par Camille et Cerise (cocker anglais)

Et si malgré tout ça votre chien ne revient pas bien au quotidien, il sera peut-être temps d’appeler un éducateur à domicile pour qu’il vous aide de manière plus ciblée en constatant « de visu » ce qui cloche !

© Canissimo

Une réflexion au sujet de « Quelques subtilités pour un bon rappel »

  1. Madine35

    Bonjour !
    Excellents conseils ! Juste, un autre « truc » qui peut aider au rappel pour un jeune chien, ou qui ne viens pas, c’est de se faire aider d’un chien qui connait l’ordre. Le jeune chien, s’il voit l’autre partir vers le maître, ne restera pas tout seul et suivra. Personnellement ça m’a aidé pour mon deuxième chien.

    J’aime

    Répondre

Laisser un commentaire