Les périodes de peur chez les chiens

Les périodes de peur chez les chiens

Issu du blog lunesagnescanaandogs, par Federica Iacozzilli

Un beau matin, votre chiot de quatre mois, jusque là toujours sociable et amical, se met soudain à grogner et aboyer aux inconnus dans la rue. Ou peut-être votre jeune chien de huit mois à refusé catégoriquement de monter les escaliers jusqu’à votre appartement et se fait tout petit. Ça peut arriver comme ça, du jour au lendemain.

Avant de recourir à des méthodes drastiques, comme des cours d’obéissance ou des solutions maison, on ne peut écarter l’éventualité qu’il s’agisse juste d’une phase développementale. Il est important de commencer par s’assurer que ce comportement anormal ne résulte pas d’un événement spécifique, un choc, ou une période intense pleine de facteurs de stress.

Si c’est le cas, mieux vaut consulter un bon éducateur pour vous aider à guider votre chiot ou jeune chien tout au long de cette phase.

Si vous pouvez exclure ces causes comme étant à l’origine du comportement anormal de votre chien, il est possible qu’il traverse ce qu’on appelle une « période de peur« . Une période de peur est quelque chose dont les enfants font souvent l’expérience entre deux et douze ans, comme beaucoup de parents le savent. Ce que beaucoup de propriétaires de chiens ne savent pas, c’est qu’une chose similaire arrive aux jeunes chiens. Ces phases sont transitoires et peuvent varier en intensité en fonction de l’âge et de chaque chien. Pas de panique – les périodes de peur durent de quelques jours à quelques semaines tout au plus (si le comportement persiste au-delà, contacter un professionnel compétent).

Qu’est-ce qui provoque ces périodes de peur ? Très simplement, elles sont déclenchées par des changements dans les taux hormonaux et coïncident souvent avec des périodes de croissance et de prise de conscience (le sujet est en fait assez complexe, aussi que les psychologues me pardonnent d’être aussi succincte !).

  • La première période de peur survient quand le chiot a environ huit semaines, c’est la raison pour laquelle il est désormais déconseillé de retirer un chiot à sa mère à un stade aussi critique. C’est alors que le chiot commence à se confronter à beaucoup de nouvelles expériences, et n’est plus autant protégé par sa mère. Comme le dit Turid Rugaas, « sept-huit semaines : le monde s’agrandit ! » Il est possible qu’à ce stade le chiot prenne davantage conscience qu’il n’y a pas que sa mère, ses frères et soeurs, des compagnons humains et l’environnement immédiat autour d’eux. Comme chez les enfants, apprendre que le monde est bien plus vaste peut être assez effrayant.
  • La seconde période de peur survient quand le chiot a environ quatre mois. C’est alors qu’il passe du statut de chiot à celui de jeune chien, et que son immunité en tant que chiot est levée pour l’essentiel – il doit maintenant gérer les situations de façon plus mature. il doit gérer plus efficacement les interactions sociales, respecter la propriété et les limites fixées par les autres chiens, ainsi qu’explorer le monde en changeant légèrement de perspective. Vous remarquerez peut-être que votre jeune chien réagit de façon craintive à des choses et des situations qui paraissaient complètement normales il y a encore quelques jours.
  • La troisième période de peur survient entre huit et dix mois, suivant le chien. On l’appelle parfois le stade « pré-adolescent ». Pendant cette phase, les chiens apprennent à se débrouiller dans le monde dans lequel ils vivent, dans toute son étendue et sa complexité. Les relations sociales changent – car les chiens « adolescents » doivent gérer de gros changements hormonaux, leur développement (physique et cognitif) et les prémices de la maturité sexuelle. Un chien ne peut être considéré comme complètement adulte que lorsque son cerveau a fini de se développer, ce qui est le cas vers deux ans environ.

Les périodes de peur sont liées à des changements significatifs dans le développement personnel et social du chien. Ils sont dus pour partie à des changements hormonaux, et aussi le résultat du développement cognitif. Dans certains cas, une peur naturelle est un signe de maturité. Alors, comment peut-on appréhender ces périodes ?

Que peut-on faire quand des chiens refusent soudainement de faire ce qu’ils ont toujours fait, ou commencent à montrer un comportement anormal pendant une période de crainte ? La réponse est simple – absolument rien ! Notre rôle est de les soutenir pendant ces quelques jours difficiles et de les aider à gérer leur peur de la façon la moins traumatisante possible. C’est une phase très délicate ; aussi n’essayez pas d’en faire trop. S’il a peur d’emprunter cette route, ne le forcez pas à le faire – contentez vous de trouver une autre route qui le mènera là où vous devez aller. S’il ne recherche pas le contact, laissez le tranquille et donner lui du champ. S’il a peur d’un objet en particulier, n’essayez pas de l’y exposer par la force. Je ne suis pas fan de la thérapie par exposition – si j’avais peur des araignées, je n’aimerais certainement pas qu’on m’enferme dans une pièce qui en est remplie pour « guérir mon anxiété ». Une désensibilisation systématique, en douceur, peut être utile si besoin avéré. Par dessus tout, éviter les intonations et les ordres trop sévères, car ils ne feront que renforcer la peur du chien et l’idée que quelque chose ne va pas.

Laisser la période de peur suivre son cours – elle sera vite passée. La patience est vitale. Si on peut apprendre à observer les changements et le développement de ses chiens, et les soutenir pendant leurs phases les plus difficiles, on découvrira bientôt combien partager sa vie avec des chiens en développement est magnifiquement gratifiant et intéressant.

© Federica Iacozzilli
Federica Iacozzilli est une éducatrice canine et comportementaliste exerçant en Italie (www.canietulipani.it).

Source : http://www.themoderndogtrainer.net/training-primitive-dogs/

Traduction : Jean-Paul Sicre

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