Le travail en immersion est-il toujours un bon choix ?

Le travail en immersion est-il toujours un bon choix ?

Publié le 9 janvier 2016 par fidelecanin

Quand il est question de modification comportementale, plusieurs techniques s’offrent à nous. Et la plus fréquente utilisée est l’immersion. A tord ou à raison ?

Vous avez peur des araignées et je vous en met une sur le bras! Vous venez de comprendre que cette façon de procéder peut avoir des répercussions inattendues. Mais qu’en est-il vraiment ?

Immerger signifie selon le dictionnaire Larousse : plonger entièrement dans quelque chose. En psychologie, il s’agit d’une technique qui vise le changement d’une émotion négative à positive en présentant le stimulus dérangeant à une intensité maximale.

L’immersion peut être utilisée avec succès lorsqu’il est temps de socialiser un chiot et faire apprendre le langage canin. On le met en contact direct et intense avec des chiots de son âge et de diverses races dans des conditions positives et agréables. Nous mêmes humains, le faisons avec des enfants à qui on veut apprendre une seconde langue. Dans un environnement stimulant, l’immersion est un puissant outil d’apprentissage d’un nouveau comportement ou d’une nouvelle faculté.

Mais l’immersion dans le cas de modification d’un comportement inapproprié relié à des émotions négatives comme la peur est-elle vraiment efficace ? Oui mais seulement dans un cas de peur modérée, car sinon, elle pourrait augmenter cette peur, créer une panique et la transformer en phobie. L’habituation ne pourra se produire si la peur est mineure.

Voici quelques exemples, quelques cas sur lesquels j’ai été impliquée :

  1. une femelle beagle, sortie d’un laboratoire d’expérimentation, a une peur panique des étrangers à blouse blanche. Elle tremble, se cache, bave, urine et peut aussi déféquer;
  2. une femelle cane corso a peur des étrangers qui pénètrent surtout sur son territoire. Elle jappe et grogne. Fait des sauts à leurs mouvements. Elle a une pilo-érection dans cette situation. Elle peut aussi reculer et avancer vers la personne.
  3. un mâle golden retriever a été victime d’un accident de la route alors qu’il était passager de la voiture. Il refuse de monter dans une voiture, il tremble, tire sur la laisse et hurle.

Nous sommes en présence de fuite comme réflexe de défense à ces situations.

Imaginez alors que dans les trois cas, nous ayons mis le chien en immersion pour changer son comportement. Ici, les trois histoires nous indiquent que les chiens ressentent une très grande peur à la vue des stimuli. Voici les trois scénarios où l’intervenant décide de travailler en immersion :

  1. le beagle est placé dans une pièce avec plusieurs personnes qui portent des blouses blanches et avec qui il interagit sans se soucier de ses états d’âme;
  2. le cane corso est mit en présence d’étrangers qui pénètrent sur son territoire et doit les affronter;
  3. le golden retriever est à bord d’une voiture qui roule à grande vitesse. Il est seul sur le banc arrière.

Que va-t-il se passer ? En immersion, il n’y a que le temps qui peut nous dire si à la longue, la technique aura fonctionné. Car en immersion, plus l’intensité du stimulus est grande, plus il faudra du temps pour que la technique fonctionne. Pour le beagle, le cane corso et le golden retriever, il faudra attendre que le sentiment de panique cesse jusqu’à épuisement physique et psychologique et espérer qu’aucune agressivité n’apparaisse comme réflexe de défense alternatif à la fuite qu’ils ont jusqu’ici démontré. Car si le chien ne sent pas qu’il est de plus en plus à l’aise et que son émotion de peur évolue vers la panique, il pourrait choisir une autre stratégie de résolution de son problème. [voir aussi : état de détresse acquise]

L’immersion signifie également que l’individu qui démontre de la peur dans une situation, devra se débrouiller seul dans la gestion de son émotion.

Alors est-ce judicieux de procéder ainsi ? Si l’utilisation de l’immersion peut aggraver le cas, alors pourquoi s’en servir et risquer le pire ?

L’évaluation de l’émotion canine est alors primordiale avant de penser à faire une immersion. Et je le répète, la peur doit être mineure pour faire le choix de l’immersion.

Imposer et forcer sont très rarement des solutions appropriées à la modification comportementale quand la peur est présente. Il serait préférable et de loin, d’utiliser la désensibilisation progressive et le contre conditionnement, avec ou sans aide technique (produits naturels, médication, gilet anti-stress etc.).

© fidelecanin

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