Archives mensuelles : août 2013

Un dentier anti-morsures ?

Avant toute chose, je tiens à préciser que je ne cautionne pas cet outil, mais l’ignorance est mère de tous les maux comme le dit si bien Rabelais… Sachez de plus que ce système n’a aucune valeur législative et ne peut donc remplacer la muselière pour les chiens catégorisés.

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C’est en 2005 que le dentier « anti morsure » a vu le jour. Spetim Saciri, habitant Suisse et comptable d’origine grecque marié à une technicienne dentaire, a mis au point ce système pour sa chienne Sunny, une femelle rottweiler car « La muselière terrorise les chiens. C’est une véritable torture qui les empêche de respirer. Elle les traumatise à vie et les rend agressifs », accuse-t-il.

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Ce dentier anti-morsures recouvre les canines et sert de tampon, répartissant ainsi la pression en cas de morsure. Des essais mécaniques effectués par la Haute école spécialisée de Suisse occidentale ont démontré que, lorsqu’il est inséré correctement, les crocs du chien n’arrivent pas à pénétrer la chair et provoquent au pis un hématome. En contact avec la salive, sa surface, en matériau thermoplastique, devient très glissante.

Ce dentier ne gêne pas le chien car il ne touche pas les gencives. Il peut manger, boire, jouer à la balle… De plus, il ne peut pas l’enlever seul à cause de l’effet du vide d’air.

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Le dentier ne peut évidemment empêcher le chien de mordre, mais la morsure sera beaucoup moins grave que s’il ne portait rien. L’inventeur reconnait tout de même que le chien doit être éduqué à porter le dentier.

L’appareil, vendu entre 80 et 120 francs suisses (soit 48 à 73 €) selon la taille, rencontre un grand succès. Assailli de commandes du monde entier via l’internet, l’inventeur, qui a déposé un brevet international, compte passer début 2008 au stade industriel avec l’aide d’un partenaire financièrement solide.

Depuis, de nombreux chiens ont dû apprendre à mordre dans du plastique…

 © J. Claeyssen

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Source : 20 minutesDHNET

How to solve a behavior problem with POSITIVE reinforcement?

Pour tous ceux qui doutent encore qu’un travail respectueux de l’animal puisse être aussi « efficace » que la contrainte. Une grande leçon d’un enfant de 5 ans qui, entouré des bonnes personnes, a magnifiquement résolu un problème de comportement de son perroquet avec du renforcement positif. Sachez que pour les chiens, cela fonctionne de la même manière !

Echelle d’agression

Le site Ad Canes nous propose de découvrir l’échelle d’agression, élaborée par Kendal Shepherd.

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La façon dont un chien réagit au stress ou à une menace peut être représentée comme une série d’étapes croissantes sur une échelle. Ces signaux sont des réponses à une escalade de la menace perçue et ne sont pas l’expression d’un état de « soumission » ou de « dominance ». Le choix de la stratégie (jusqu’à la morsure ou pas) dépendra des circonstances (temps, cible, interactions, précédente expérience) et de la gravité d’une éventuelle maladie physique sous-jacente. La douleur transforme souvent une réponse de fuite (flight) en attaque (fight).

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© Ac Canes

Je rajouterai que cette échelle est valable pour un chien ayant tous les « codes » canins. Certains chiens, qui ne connaissent pas certains signaux, ayant été amenés à une inhibition de ceux-ci ou encore dû à divers troubles neurologiques, peuvent aller d’un extrême à l’autre de l’échelle ; ils peuvent directement en arriver à la morsure, sans être passé par une seule des étapes précédentes. 

Le rôle du renforcement et des renforçateurs en education canine

Spécialiste de l’éducation canine de Paris, Kimberley Johnson met à votre service plus de vingt ans d’expérience et de passion pour le dressage du chien. Je vous propose aujourd’hui de découvrir un de ses articles « Le rôle du renforcement et des renforçateurs en éducation canine« .

Le renforcement a pour but d’augmenter, de maintenir, ou par voie de conséquence, de faire disparaître un comportement donné. Les comportements continueront d’apparaître tant qu’ils seront correctement renforcés (avec un bon taux de renforcement). Qu’il s’agisse de renforcement primaire, de renforcement secondaire ou de renforcement intrinsèque, il s’agit dans les trois cas de renforcement positif.

Mais quelle est la différence entre ces trois types de renforcement ? Quel est l’intérêt de l’un ou de l’autre ? Lequel privilégier ?

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Les renforçateurs primaires dans l’éducation canine 

Un renforçateur primaire est quelque chose qui va satisfaire un besoin biologique ou un besoin physique de manière immédiate, sans aucun apprentissage antérieur. Les renforçateurs primaires sont naturels, c’est-à-dire non acquis : ils influent sur les comportements en l’absence de tout apprentissage antérieur.

Ils sont peu nombreux, dans notre cas nous allons retenir la nourriture (friandises essentiellement).

Les renforçateurs primaires sont très puissants pour apprendre ou modifier un comportement, mais ils sont aussi des limites : l’individu doit être dans un certain état de privation pour que cela fonctionne (faim). En effet, un chien repu ou peu gourmand ne sera pas renforcé dans ce cas.

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Les renforçateurs secondaires dans l’éducation canine

Le chien réagit à une gamme beaucoup plus vaste de récompenses et de renforçateurs : les caresses, les flatteries et d’autres récompenses (jouets, ballons, etc) sont des renforçateurs secondaires. Les renforçateurs secondaires influent sur le comportement par association avec des renforçateurs primaires. Les renforçateurs secondaires sont acquis par apprentissage, à savoir par le conditionnement répondant.

Les renforçateurs intrinsèques : ils sont attachés au comportement lui-même.

Ils sont sans aucun doute les plus souhaitables, mais ils sont difficiles à quantifier et à mettre en œuvre, on peut y associer d’autres renforçateurs si besoin est. Voici quelques exemples : chasser, découvrir ou chercher procure du plaisir.

Le principe de Premack : il consiste à utiliser une activité aimée (motivation première) de l’individu, comme renforçateur d’une activité qu’il aime moins.

Le fait qu’un renforçateur soit secondaire ne signifie pas qu’il soit moins fort qu’un renforçateur primaire. Cependant, comme tout stimulus additionnel, les renforçateurs secondaires finissent par perdre leur pouvoir à influencer un comportement, s’ils ne sont pas à nouveau associés à l’un des stimulus auxquels ils l’ont été initialement, et ce, de façon régulière.

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L’utilisation des renforçateurs dans l’apprentissage du chien

Même si le renforçateur primaire est souvent le plus utilisé, car quantifiable, simple d’utilisation et rapide : il ne doit pas être le seul à privilégier pour plusieurs raisons :

  • le chien peut être facilement repu si la session de travail est longue.
  • il faut avoir des renforçateurs de différentes valeurs (moins pratique au quotidien)
  • le chien devient très, voir trop intéressé par la nourriture et peut facilement devenir voleur
  • le chien sait très bien si vous avez ou non des renforçateurs disponibles sur vous, grâce à un odorat bien supérieur au notre.
  • le chien est très facilement « focus » sur la pochette à friandises (si aucun travail préalable n’est réalisé).

J’aime utiliser les trois types de renforçateurs dans mes programmes de travail et d’apprentissage. Je les alterne, de cette façon le chien ne sait jamais sur quoi il va tomber, ni quand son renforçateur favori va arriver, il reste donc toujours ultra motivé. Pour vous donner un exemple, le renforçateur favori de notre petite Fun est le jet d’eau sortant d’un pistolet à eau : elle s’amuse à “mordre” l’eau !

Il faut faire très attention lorsque vous utilisez des renforçateur secondaires du type balle, jouet, bâton, etc. Il faut impérativement demander à votre chien de vous donner l’objet en question, une fois qu’il a été renforcé.

Il est impensable de lui « voler » de la gueule, car un tel comportement de votre part est associé à une punition négative… rien de très positif dans ce cas.

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© Kimberley Johnson

Cynophilie : un monde en manque d’humilité…

Le Bar à Chiens nous propose un article sur le monde cynophile… Je plussoie. 
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J’ai fait des stages, j’ai fréquenté plusieurs terrains d’éducation, des éleveurs, des particuliers, des dresseurs, des éducateurs, des compétiteurs, des maîtres-chiens de l’armée et de la police, des comportementalistes. J’ai beaucoup lu, beaucoup observé, beaucoup écouté et beaucoup appris. J’ai pratiqué (et je n’en suis pas fière) les méthodes les plus coercitives sur les conseils de professionnels du chien expérimentés. Puis j’ai rencontré un homme qui m’a appris l’échange, la patience et la communication. Personnage contesté malgré ses titres de noblesse dans différentes disciplines canines (dont un titre de Champion du Monde), exerçant aujourd’hui sa passion des chiens loin des rings et des médias, son humilité face à l’animal m’a enseigné bien plus que toutes les théories « cynocratiques » du Milieu…

Pourtant, comme le disait Jean Gabin, aujourd’hui je ne sais qu’une chose, c’est que je ne sais rien.

Le terme de Milieu, en référence à la Mafia et ses parrains, peut sembler excessif. A mon sens, il ne l’est pas. Le monde du chien est divisé en communautés – je serais tentée d’écrire en « clans », voire en « gangs » – dont l’élitisme n’a souvent rien à envier aux monarchistes bourbonnais les plus radicaux. Les ringueurs s’opposent aux agilitistes, les éleveurs professionnels aux amateurs, les éducateurs de métier aux bénévoles, les comportementalistes aux dresseurs, les vétérinaires aux phytothérapeutes, les « croquettistes » aux « barfers », les propriétaires de « sans papiers » aux propriétaires de chiens de race, les producteurs de chiens aux associations de protection animale etc.

Certes, en tant qu’animal social, l’être humain a besoin d’évoluer au sein d’un groupe, groupe auquel son appartenance l’aidera à affirmer sa propre identité. Nous avons donc naturellement tendance à compartimenter notre univers en différentes sphères : communauté professionnelle, communauté familiale, communauté identitaire. Cela doit-il pour autant nous conduire à exclure systématiquement de ces sphères tout individu qui ferait acte de candidature ? Toujours de mon point de vue, évidemment non (le chien ne le fait d’ailleurs pas, prenons exemple sur lui). Il est dommage (et dommageable) que la transmission d’informations et de pratiques se fasse souvent en vase clos. Pour quelles raisons ne pourrions-nous pas apprendre les uns des autres ? Pour quelles raisons ne pourrions-nous pas admettre nos erreurs et changer d’avis, de regard, de savoir-faire (ou de savoir-mal faire !) ? Avons-nous si peur de confronter nos propres vérités à celles des autres pour refuser de frotter notre cervelle à la leur avec autant d’obstination ? J’ai pratiqué la discipline obéissance pendant huit ans (jusqu’à la mise en retraite de mon équipier canin) : suis-je une référence ? Non ! J’ai eu de très bons comme de très mauvais résultats, je suis loin de maîtriser toutes les subtilités d’une discipline en constante évolution et je continue, aujourd’hui encore, à étudier des vidéos, à discuter avec des participants et des entraîneurs, à me creuser la cervelle lors des séances de travail de l’équipe. J’ai participé à une finale de mondioring : puis-je me vanter d’être au-dessus du lot ? Non ! C’est mon chien, ses entraîneurs, les hommes-assistants du club qui ont fait le plus gros du travail… quant à moi, j’ai conduit sur UNE finale et nous avons fini bon dernier… Je suis propriétaire d’un berger belge malinois et d’un chien-loup de Saarloos : suis-je une spécialiste de ces deux races ? Non ! Je connais mes chiens… et encore, ils m’en apprennent tous les jours ! Chaque individu, même au sein d’une même espèce et d’une même race, a son individualité, son tempérament, son histoire, son appréhension du monde environnant.

Règle numéro 1 en matière de communication humain-animal : ne jamais partir du principe « qu’on sait ». Parce que non, « on » ne sait pas. « On » a des connaissances, une expérience, un « feeling » parfois, mais « on ne sait pas ». Travailler sur et avec du vivant implique une capacité d’adaptation et de remise en question permanente. Ce qui fonctionne avec Rex ne fonctionnera pas forcément avec Lucky. Et ceux qui prétendent détenir LA méthode universelle efficace à 100% sont des imbéciles auto-suffisants (excusez la redondance), l’autosuffisance étant sans nul doute la gangrène de l’esprit et le puits dans lequel se noie toute forme d’intelligence (cf. René Descartes : « L’intelligence, c’est la chose la mieux répartie chez les hommes parce que, quoi qu’il en soit pourvu, il a toujours l’impression d’en avoir assez vu que c’est avec ça qu’il juge »… tournure grammaticalement contestable, nous sommes d’accord, mais Descartes était mathématicien et philosophe, pas professeur de français…).

Sur les terrains que je fréquente, j’ai été confronté à de nombreux troubles du comportement (les chiens subissent, tout comme nous, le stress d’une société de contraintes qui nous enseigne que les besoins du collectif doivent primer sur ceux de l’individu). Il n’y a pas d’échec dès lors que l’homme et la bête se comprennent, s’acceptent et se respectent dans leur intégrité physique et morale.

Lorsqu’un couple est venu me demander de l’aide pour un croisé labrador présentant les signes d’une agressivité idiopathique (que j’identifierai en réalité comme une manifestation phobique) et que l’homme et la femme se sont évaporés à l’issue de la seconde séance de travail sans plus donner de nouvelles, j’ai été confronté à un échec. Je n’ai pas incriminé les propriétaires de l’animal, qui avaient – je l’espère – été cherché de l’aide ailleurs. Je me suis inquiétée de savoir ce qu’allait devenir ce chien potentiellement dangereux et sa famille, composée de deux enfants. Je me suis demandé quelle erreur de communication j’avais commise, non avec le chien mais avec les propriétaires et j’ai compris qu’un simple rendez-vous manqué était à l’origine de cette disparition soudaine.

J’évoque souvent, dans mes discussions, le contre-exemple d’un jeune épagneul qui avait été retiré à ses précédents maîtres pour maltraitance. Battu, affamé, estropié en raison d’une grave fracture d’un antérieur non soignée, il avançait sur trois pattes, totalement indifférent à son environnement et se mouvant uniquement lorsqu’on tirait sur sa laisse. Libéré de toute entrave, il restait immobile, prostré, le regard vide, sourd aux appels encourageants de sa nouvelle propriétaire, pourtant douce et enjouée. Elle avait sorti ce chien d’un refuge animalier quatre mois plus tôt et se désespérait depuis de ne voir aucun progrès malgré des séances d’éducation canine collectives hebdomadaires. Lors des séances de jeux entre chiens, il était le souffre-douleur de la meute, frustrée par son comportement autistique et donc l’absence de réponse aux signaux de communication envoyés. Sa propriétaire avait parfaitement conscience de la souffrance que traduisait l’attitude de son chien, jugé « docile », « doux » et « facile » par l’entourage. Elle réclamait de l’aide, non pour le faire obéir (pétrifié telle une statue, il ne s’éloignait ni ne revenait au rappel), mais pour le rendre « heureux »… Oui, ce genre de demande existe encore… Et tant mieux… J’ai bien entendu sorti ce chien du contexte collectif afin de l’observer dans un environnement plus serein. Je ne décrirai pas ici le contenu des séances d’observation et de travail, les stimuli utilisés dans l’espoir de créer un contact, visuel, auditif, tactile ou olfactif. Je ne les décrirai pas parce que vous me prendriez pour folle, parce qu’aucune des techniques employées n’est mentionnée dans un quelconque manuel, parce qu’à individu unique j’ai tenté des solutions uniques. Mais quelle ne fut pas la joie de sa maîtresse quand, pour la première fois, son chien a levé les yeux sur elle. Quelle ne fut pas ma propre joie quand, en arrivant à sa quatrième séance, le chien battit faiblement de la queue en me reconnaissant. Quel sentiment de plénitude – et d’orgueil, j’ose le dire – quand le chien répondit enfin à l’appel de son nom et s’avança de lui-même vers sa propriétaire accroupie.

Tout ça pour dire quoi ? Tout ça pour dire que rejeter continuellement la « faute » sur « l’autre », qu’il soit ou non responsable ou coupable de la situation, étouffe dans l’œuf toute possibilité d’évolution. Tout ça pour dire que vouloir changer les autres sans jamais envisager de changer soi-même est illusoire, épuisant et contre-productif. Tout ça pour dire que si vous voulez travailler sur et avec des chiens, vous devez travailler sur et avec de l’humain… à commencer par vous-même. Que vous soyez diplômé ou pas. Professionnel ou non. Que vous ayez trente ans d’expérience ou deux jours. Les théories sont précieuses : elles enseignent, à condition d’être sans cesse remises dans la balance. Mais elles sclérosent dès lors qu’elles sont conçues et intégrées comme autant de dogmes.

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Apprenez, contestez, appliquez, adaptez, partagez ! 

© Lebarachien

Ian Dunbar – conférence EG

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Ian Dunbar est vétérinaire, éducateur, comportementaliste animalier et auteur de nombreux livres et vidéos sur l’éducation et le comportement des chiots et des chiens. Ian Dunbar a obtenu son diplôme d’études vétérinaires et son diplôme d’honneur de physiologie et biochimie au collège vétérinaireroyal (université de Londres), ainsi qu’un doctorat en comportement animal au département de psychologie de l’université de Californie à Berkeley, où il a effectué dix ans de recherches sur la communication olfactive, le développement du comportement social hiérarchique et l’agression chez le chien domestique. Ian Dunbar est aussi le fondateur de l’APDT (Association of Pet Dog Trainers), une des associations les plus influentes aux États-Unis qui préconise l’utilisation de méthodes  amicales et positives en éducation canine.

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Lors de sa conférence EG en 2007, le formateur Ian Dunbar nous demande de voir le monde par les yeux de nos chiens. En comprenant les attentes de nos animaux de compagnie, nous pouvons construire une relation basée sur l’amour et la confiance.

C’est un message qui résonne bien au-delà du monde animal.

Pour voir la vidéo en anglais sous titré français, cliquez-ici, puis sur subtiles en choisissant « français »

L’état de détresse acquise

Marie Perrin est propriétaire de plusieurs chiens, dont trois Saarloos. Elle est dans l’univers cynophile depuis plusieurs années et exerce en tant que comportementaliste. Je vous laisse découvrir son article sur l’état de détresse acquise.

Soumis à nos lubies les plus folles, dressés par le biais de méthodes coercitives, non respectés dans leur être et leur identité, nombre de chiens apprennent, dans la douleur, qu’il ne sert à rien de lutter : ils sont en état de détresse acquise, une forme de dépression dont, malheureusement, l’on ne parle guère.

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Martin Seligman, chercheur en psychologie, professeur à l’université de Pennsylvanie, formula à la fin des années 60 sa théorie de l’impuissance apprise (learned helplessness), depuis largement adoptée par la communauté scientifique internationale. A l’aide d’expériences menées sur des chiens, il démontra qu’un individu, humain ou animal, placé dans l’incapacité de contrôler les événements survenant dans son environnement, adopte une attitude résignée et passive. On la dit « apprise » car, même si l’individu a ensuite la possibilité d’agir sur ce qui lui arrive, il reste sans rien faire, comme anesthésie, sidéré.

L’expérience de Seligman (et de son équipe) fut la suivante : il soumit des chiens entravés à des chocs électriques. Les chiens pleurèrent, hurlèrent, tentèrent d’échapper à leur sort. Puis ils renoncèrent et se couchèrent au sol, manifestant des symptômes semblables à ceux de la dépression humaine. Lorsque Seligman les laissa libres de pouvoir s’échapper, il s’aperçut que les chiens ne tentaient plus de fuir la douleur : ils avaient appris à l’accepter avec résignation.

De nombreuses espèces sont concernées par l’impuissance acquise : il n’y a qu’à penser à cette célèbre scène de « L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux » lorsque, vaincu et rompu, le cheval ploie l’échine devant son bourreau « chuchoteur ». L’être humain, lui aussi, peut, suite à des traumatismes, du stress ou des situations répétées de double contrainte, perdre sa capacité à rebondir, à s’adapter. Il subit alors anxiété, apathie, dépression, perte de motivation, parfois de manière irréversible. L’actualité de ces dernières années fournit en nombre des exemples de ces désespoirs parfois mortels.

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Des états de détresse acquise plus nombreux qu’on ne le pense

Les états de détresse acquise sont plus fréquents qu’on ne l’imagine chez nos chiens de compagnie, forcés de mille manières à se plier à notre volonté : attachés en bout de chaîne, enfermés toute la journée, dressés à l’aide de méthodes irrespectueuses, violentes et coercitives, affublés de colliers anti-aboiement (électriques ou à citronnelle)… autant de situations auxquelles ils ne peuvent pas se soustraire et qui, de fait, les plongent dans la résignation la plus profonde qu’à tort, nous prenons pour un apprentissage positif, du bon tempérament ou du « simple » conditionnement.

Prenons l’exemple du collier anti-aboiements : le chien ne peut pas fuir les décharges puisqu’il a en permanence le boîtier attaché au cou. Et dès qu’il vocalise (comportement naturel pour lui, rappelons-le !, parfois même, de surcroît, encouragé dans certaines circonstances), il se voit délivrer une décharge (électrique ou odorante) à laquelle, inévitablement, il ne peut rien comprendre. Il va peut-être apprendre à se taire, mais au prix de quelle souffrance psychique ? Certes, le comportement gênant aura disparu, mais pourquoi ? Tout simplement parce que le chien aura appris qu’il ne sert à rien de résister.

L’on peut aussi citer ces chiens d’exposition, bêtes à concours laquées, talquées, brossées, pomponnées, parfumées, parfois même colorées, et qui, une fois sur le ring de beauté, sont saisis de part et d’autre du corps, une main sur le museau, une main pour redresser la queue à la verticale, mis et remis en place malgré le bruit et la chaleur : n’ont-ils pas, eux aussi, fait l’apprentissage que rien ne sert de se défendre ? Ces chiens apparemment si dociles sont, en fait, en état de détresse acquise : ils ont capitulé…

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Que voulons-nous pour nos chiens ?

Est-ce réellement ce que nous voulons pour nos chiens que, par ailleurs, nous disons chérir de tout notre cœur ? Aimer, n’est-ce pas respecter l’autre dans son identité propre, dans sa différence? N’est-ce pas apprendre à le connaître pour ne pas lui demander plus que ce qu’il peut donner ? Aimer, c’est aussi ne plus vouloir, à tout prix, un compagnon parfait, mais plutôt  un compagnon heureux et équilibré. C’est ne pas le forcer à subir nos mille fantaisies coûte que coûte, mais accepter qu’il soit un chien, et non pas un substitut d’humain. Un chien qui exprime son désir, qui réagit, qui interagit, et qui nous « dit » parfois, à sa manière, que ce qu’on lui demande ne lui plaît pas. A nous de tolérer de n’avoir pas systématiquement gain de cause. Et de viser sa coopération et sa collaboration plutôt que sa « soumission ».

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Cesar Millan, l’un des «pros» de l’état de détresse acquise chez le chien

Ainsi avec Jonbee…

L’adoption… Un comportement responsable

Voilà un texte que j’avais trouvé sur internet (mea culpa, impossible de retrouver la source) et qui reflète tout à fait mon point de vue… Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter bonne lecture chers internautes 😉

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Aucun chien ne devrait être abandonné pour des problèmes de comportement. Remettre un chien à la SPA parce qu’il devient ingérable est la solution de facilité. L’autre solution est de reprendre l’éducation du chien avec un professionnel, et d’apprendre à vous remettre en question. Votre chien n’a pas conscience du bien et du mal, et s’il a développé certains comportements indésirables, c’est parce que l’homme les a créés et renforcés. Un chien est un chien et il réagit comme tous les chiens : selon son instinct. Il s’agit pour le maître d’apprendre à comprendre cet instinct pour rétablir une relation saine avec son animal. L’adoption d’un chien n’est pas un acte à prendre à la légère, car un chien n’est pas un jouet et ne devrait jamais être « rapporté », « échangé » ou abandonné lorsque le maître s’est laissé dépasser par le comportement de l’animal. Une rééducation est toujours possible, l’abandon est donc intolérable.

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